Un an après la première alternance démocratique de son histoire, la nouvelle politique à l’œuvre dans le plus petit pays d’Afrique rompt avec un demi-siècle d’opacité. Les enquêtes de la jeune commission anticorruption démarrent sur les chapeaux de roues tandis que les parlementaires devraient se pencher prochainement sur les livraisons d’armes aux génocidaires rwandais.
Sans surprise, la France a refusé d’accorder l’asile au colonel Aloys Ntiwiragabo, au cœur d’une enquête judiciaire pour « crime contre l’humanité ». Mais la France ne veut pas l’extrader, en dépit de la demande rwandaise. Ni l’expulser, malgré son absence de titre de séjour.
Alors que l’Élysée fait mine de poser un regard nouveau sur cette région d’Afrique, la France a discrètement repris depuis 2018 sa coopération militaire avec la dictature en place au Burundi. Un pays où la situation des droits humains demeure catastrophique.
Le réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali est en très bonne voie. La précédente tentative s’était soldée par un échec au début des années 2010. Au Quai d’Orsay, Alain Juppé avait joué un rôle déterminant dans cette crise.
Selon nos informations, trois personnes considérées comme des « génocidaires de la première catégorie » par le Rwanda vivent dans l’Hexagone sans être inquiétées. Parallèlement, la France a accueilli plusieurs centaines d’extrémistes rwandais, qui se sont organisés dans des réseaux associatifs à travers le pays.
Attaché de défense au Rwanda de 1988 à 1991, le colonel français René Galinié avait averti Paris du risque d’extermination des Tutsis. Sa hiérarchie l’a sanctionné en brisant sa carrière. Son rôle a été salué par le rapport Duclert remis récemment au président de la République.
La justice doit trancher en appel, lundi 14 décembre, le sort de cet Algérien condamné en 2006 dans un dossier terroriste. Le respect de sa vie familiale et l’intérêt de ses enfants imposent-ils de lever son interdiction du territoire français ? D’après nos informations, la justice, en première instance, a répondu : « Oui ». Enquête.
Après nos révélations sur ses propos minimisant le génocide des Tutsis, l’historienne Julie d’Andurain sort de la « commission sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda ». Son président explique que cette mise en retrait date du mois d’août. Des mails que nous avons consultés montrent une tout autre réalité.
L’historienne Julie d’Andurain, membre de la « commission sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda », a déclenché une vaste polémique par sa vision du génocide des Tutsis. Réagissant aux critiques dont elle est l’objet, elle parle à présent de l’extermination comme d’« une séquence au sein d’un ensemble plus vaste », et estime que « tous les génocides ne se valent pas ». Sa position devient intenable.
Le pays des mille collines, qui espère pouvoir juger celui que les rescapés considèrent comme un Eichmann rwandais, demande son arrestation et son extradition, selon nos informations.
Depuis le génocide des Tutsis, il y a plus de vingt-cinq ans, Mediapart a découvert que la France a gelé des dossiers de demande d’asile émanant de Rwandais. Des demandes embarrassantes se retrouvent au « frigo », en compagnie d’autres personnalités étrangères. Une situation qui interroge sur l’indépendance de cet établissement public.
Selon les informations de Mediapart, le colonel résiderait en France depuis au moins 14 ans, mais ne disposerait d’un récépissé de demande d’asile que depuis février 2020. Pourquoi si tard ? Que s’est-il passé entre-temps ? Le suspect a-t-il bénéficié de soutiens ?