Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité. Elles visent un ancien officier de la gendarmerie rwandaise, dont Mediapart avait révélé la présence en France depuis des années. L’intéressé conteste tout acte répréhensible dans le passé.
Retrouvé par Mediapart en 2020 près d’Orléans alors qu’il avait échappé à la justice internationale, Aloys Ntiwiragabo fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour « crime contre l’humanité ». Mediapart révèle une série de documents qui éclairent l’idéologie et le positionnement de cet homme.
La justice française a condamné mercredi 28 juin un ancien gendarme rwandais à la prison à perpétuité pour son rôle dans le génocide des Tutsis en 1994. Mais à 6 000 kilomètres de Paris, les habitants de sa région regrettent leur éloignement des débats, s’ils les connaissent.
Un an après la première alternance démocratique de son histoire, la nouvelle politique à l’œuvre dans le plus petit pays d’Afrique rompt avec un demi-siècle d’opacité. Les enquêtes de la jeune commission anticorruption démarrent sur les chapeaux de roues tandis que les parlementaires devraient se pencher prochainement sur les livraisons d’armes aux génocidaires rwandais.
Sans surprise, la France a refusé d’accorder l’asile au colonel Aloys Ntiwiragabo, au cœur d’une enquête judiciaire pour « crime contre l’humanité ». Mais la France ne veut pas l’extrader, en dépit de la demande rwandaise. Ni l’expulser, malgré son absence de titre de séjour.
Alors que l’Élysée fait mine de poser un regard nouveau sur cette région d’Afrique, la France a discrètement repris depuis 2018 sa coopération militaire avec la dictature en place au Burundi. Un pays où la situation des droits humains demeure catastrophique.
Le réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali est en très bonne voie. La précédente tentative s’était soldée par un échec au début des années 2010. Au Quai d’Orsay, Alain Juppé avait joué un rôle déterminant dans cette crise.
Selon nos informations, trois personnes considérées comme des « génocidaires de la première catégorie » par le Rwanda vivent dans l’Hexagone sans être inquiétées. Parallèlement, la France a accueilli plusieurs centaines d’extrémistes rwandais, qui se sont organisés dans des réseaux associatifs à travers le pays.
Attaché de défense au Rwanda de 1988 à 1991, le colonel français René Galinié avait averti Paris du risque d’extermination des Tutsis. Sa hiérarchie l’a sanctionné en brisant sa carrière. Son rôle a été salué par le rapport Duclert remis récemment au président de la République.
La justice doit trancher en appel, lundi 14 décembre, le sort de cet Algérien condamné en 2006 dans un dossier terroriste. Le respect de sa vie familiale et l’intérêt de ses enfants imposent-ils de lever son interdiction du territoire français ? D’après nos informations, la justice, en première instance, a répondu : « Oui ». Enquête.
Après nos révélations sur ses propos minimisant le génocide des Tutsis, l’historienne Julie d’Andurain sort de la « commission sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda ». Son président explique que cette mise en retrait date du mois d’août. Des mails que nous avons consultés montrent une tout autre réalité.
L’historienne Julie d’Andurain, membre de la « commission sur le rôle et l’engagement de la France au Rwanda », a déclenché une vaste polémique par sa vision du génocide des Tutsis. Réagissant aux critiques dont elle est l’objet, elle parle à présent de l’extermination comme d’« une séquence au sein d’un ensemble plus vaste », et estime que « tous les génocides ne se valent pas ». Sa position devient intenable.