L’«Histoire mondiale de la France» mise en examen (7/8): une histoire métissée?
Pour l’académicien Alain Finkielkraut, le projet d’Histoire mondiale de la France rassemble les « fossoyeurs de l’héritage français ». En sous-texte, la place accordée dans le récit national aux migrations et aux « apports » des étrangers. Entretien avec l’historienne Anouche Kunth, spécialiste de l’immigration arménienne.
En 1923, les parents du futur Charles Aznavour arrivent à Marseille, au milieu de milliers d’Arméniens, Russes ou Juifs fuyant la décomposition des empires tsariste et ottoman. Au sortir de la Première Guerre mondiale, avec des combats qui se prolongent jusque dans les années 1920 en Europe orientale, les empires laissent le pas aux États-nations, modifiant le rapport des États aux minorités comme des individus à leur nationalité et leur citoyenneté, et jetant des milliers de personnes sur les routes. Cette époque où se croisent les exils oblige notamment la communauté internationale à poser les jalons d’une catégorie nouvelle – celle de réfugié –, même si les catégories administratives demeurent très instables et les documents qui permettent de franchir les frontières internationales largement baroques.
