C’est un compromis à la française qui a été choisi pour la Société générale. « Entre inspecteurs des finances », rajoute même un proche du dossier. En choisissant de séparer les fonctions de président et de directeur général, laissant à Daniel Bouton les fonctions stratégiques et confiant à Frédéric Oudéa les fonctions opérationnelles quotidiennes, le conseil d’administration a le sentiment d’avoir trouvé le bon équilibre. Juste assez pour rassurer les clients de la banque et les marchés, pour leur montrer que les administrateurs ne sont pas restés inertes après l’affaire Kerviel. Pas trop pour ne pas accréditer l’impression que la banque a quoi que ce soit à se reprocher dans ce dramatique accident. Cette transition en douceur, qui risque de durer longtemps – Frédéric Oudéa a 44 ans et a juste pris ses fonctions de directeur général délégué en mars –, ménage ainsi toutes les apparences.
En 2002, au moment où le capitalisme américain et français était totalement ébranlé par une vague de scandales, d’Enron à Worldcom en passant par Vivendi et Altran, Daniel Bouton avait été chargé par le Medef d’établir un rapport, pour fixer de nouvelles règles de gouvernance dans les entreprises. Le but affiché est de restaurer la confiance dans le système. Il s’agissait surtout d’éviter une législation contraignante que le gouvernement de l’époque voulait leur imposer, comme l’avait fait l’administration américaine avec la réglementation Sarbanes-Oxley. La morale, la responsabilité, la transparence devaient être les piliers de cette reconstruction, comme le rappelle Daniel Bouton, en préambule du rapport, devenue la bible des entreprises du Cac 40 : « L’évolution des comportements individuels et collectifs dans le cadre des "meilleures pratiques" est la plus sûre garantie de l’amélioration du gouvernement des entreprises, dès lors que ces pratiques s’appuient sur les principes fondamentaux que sont la responsabilité personnelle, la transparence et l’intégrité dans l’action, principes qui constituent les exigences permanentes s’imposant à l’ensemble des acteurs de la vie économique. »
Finance Parti pris
Le capitalisme vu par Daniel Bouton
La Société générale a annoncé vendredi une réforme de sa gouvernance. Daniel Bouton reste mais il sera président du groupe. Il abandonne la direction générale à Frédéric Oudéa. Après l'affaire Kerviel, la banque estime que ce chapitre est clos. Le conseil du 12 mai entérinera les comptes du premier trimestre qui, selon la banque, «illustreront sa capacité de rebond».
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