Carrefour : mais pourquoi le patron est-il donc évincé ?
Patron exécutif du groupe Carrefour, José Luis Duran va prochainement être écarté, selon nos informations. En pleine crise financière, sur fond de chute de la Bourse, pourquoi les deux nouveaux actionnaires du géant mondial de la distribution, Bernard Arnault et le fonds Colony Capital, ont-ils pris cette décision? Parce qu'ils veulent démembrer le groupe, comme des échos de presse leur en prêtent l'intention? En tout cas, le jeu de chaises musicales qui se profile revêt une importance inhabituelle: à l'heure où Nicolas Sarkozy répète sa volonté de lutter contre les excès des fonds spéculatifs, il faut surveiller de près ces travaux pratiques.
C'estC'est une information qui, au premier examen, ne retiendra l'attention que des publications économiques : Carrefour va prochainement annoncer – sans doute dans la semaine qui vient – que José Luis Duran, qui avait été promu président de directoire du groupe de distribution, avant de devenir directeur général, en juillet 2008, à la faveur d'une réforme juridique, a été prié d'abandonner la direction exécutive de la firme. Simple péripétie de la vie des affaires, pensera-t-on. Et pourtant, non ! Cette information, que Mediapart a obtenue de très bonnes sources dans l'entourage d'Amaury de Sèze, le président du conseil d'administration, et qui circule parmi les membres de l'Association française des entreprises privées (AFEP), est sans doute plus lourde de sens qu'il n'y paraît. Derrière le changement de patron qui se profile pour l'un des plus grands groupes français – et l'une des valeurs vedettes du CAC 40, l'indice phare de la Bourse de Paris –, cette éviction est sans doute aussi révélatrice de tendances plus lourdes : la transformation du capitalisme français qui n'hésite pas à copier les mœurs les plus sulfureuses du modèle anglo-saxon. En pleine crise financière, les convulsions de Carrefour méritent donc plus d'attention qu'on ne pourrait le croire.