Au lendemain de l'accord trouvé lors de la énième réunion de la dernière chance, les dirigeants européens n'en finissent plus de se féliciter. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui ont dicté les termes repris au mot près du nouveau pacte européen, sont les plus enthousiastes. Après deux années de tâtonnements, de valse-hésitation, l'Europe a enfin trouvé la bonne réponse à la crise, à les écouter. Tous les vices, toutes les erreurs de la construction européenne auraient été corrigés grâce au nouveau pacte accepté par tous sauf le Royaume-Uni. « Nous avons achevé une renégociation à chaud du traité de Maastricht », se félicite l'Elysée. « Nous regagnons de la crédibilité pas à pas », complète Angela Merkel. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le dernier membre du trio qui désormais a pris le pouvoir dans la zone euro, est tout aussi louangeur, saluant un « résultat très bon pour la zone euro ».
Mais y a-t-il autant de raisons de se féliciter ? Car la séquence qui vient de se fermer pourrait se révéler une faute aussi bien politique qu'économique. Politiquement, les dernières semaines ont été dramatiques pour l'Europe, pour l'esprit européen, pour les valeurs qui sont censées en être le socle. Au nom du sauvetage de l'euro, le directoire franco-allemand s'est assis sur les principes de démocratie et d'égalité entre les pays, sans aucun état d'âme (voir notre article sur l'effacement démocratique). En quelques semaines, on a vu un gouvernement (grec) privé du droit d'en référer à son peuple, un autre (italien) chassé par l'action conjuguée des marchés, de la BCE et de l'Europe et remplacé par un gouvernement technocratique qui n'a plus de compte à rendre, excepté à Bruxelles et au couple franco-allemand ; enfin, tous les pays de la zone euro et plus largement de l'Europe ont été sommés d'abandonner une part de leur souveraineté et de se conformer à des règles qu'ils n'ont même pas eu le droit de discuter et encore moins d'amender.
Dans un moment de vérité, Mario Monti, le nouveau premier ministre italien et ancien commissaire européen, a résumé l'état d'esprit qui désormais prédomine dans les
Europe: un pacte qui ne résout rien
L'accord européen imposé par le directoire franco-allemand pourrait se révéler comme une faute politique et économique: l'union monétaire envisagée est sans politique budgétaire ni monétaire. Au mieux, les Européens ont gagné un répit avant que la crise ne redouble.
11 décembre 2011 à 12h40