La volonté de Dassault d'imposer son pouvoir et de changer la présidence de Thales passe mal auprès des administrateurs du groupe d'armement. Pour beaucoup, l'avionneur se comporte comme si Thales était sa chose. Loin de s'opposer à cette mainmise, l'Etat semble plutôt venir au secours de Dassault. Il a déposé une résolution pour renforcer son pouvoir dans le groupe. Le conseil a répliqué en invoquant le droit des sociétés et les règles de gouvernance. Derrière cette bataille juridique et feutrée, se joue le statut futur de Thales.
ThalesThales est-elle encore une société normale? Au vu des batailles en coulisses qui agitent le groupe d'armement depuis l'annonce du renforcement de Dassault, la question mérite d'être posée. L'affectio societatis, ce lien indéfinissable qui unit salariés, dirigeants et actionnaires, semble en tout cas bien faible chez l'avionneur. Bien qu'il n'ait pas encore réalisé le rachat de la participation de 20,6% d'Alcatel, et qu'il ait été dispensé de lancer une OPA à la suite de ce rachat, Dassault Aviation se comporte déjà comme si Thales était sa chose, au mépris du droit, des actionnaires minoritaires et de ses salariés. Et l'Etat, premier actionnaire en titre, n'oppose qu'une faible résistance à ses volontés.