L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse avance péniblement : les magistrats ont refusé une reconstitution des faits ainsi que l’audition du préfet du Tarn, responsable du dispositif de maintien de l’ordre à Sivens la nuit du 25 octobre 2014. D’autres plaintes de zadistes sont en souffrance.
Le conseil général du Tarn a annoncé ce vendredi sa décision de construire un barrage, de taille réduite, sur le site de Sivens. L'expulsion de la ZAD par 400 gendarmes s'est achevée dans l'après-midi.
Dans le Tarn, les élections départementales se préparent dans une atmosphère explosive. Les pro-barrage de Sivens pratiquent l'intimidation, tandis que les élus mènent un jeu politique opportuniste et brouillent les lignes. Le département de Jaurès pourrait basculer à droite.
Entendu le 3 février par la commission d'enquête parlementaire sur le maintien de l'ordre, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a pointé la violence des « nouvelles formes de contestation sociale ». Pour le chercheur Cédric Moreau de Bellaing, entendu, lui, fin janvier par les députés, le changement est aussi du côté de l'État.
Le feuilleton de la subvention européenne accordée, ou non, au barrage de Sivens, est exemplaire de l’égarement de la puissance publique sur ce dossier, devenu dramatique depuis la mort de Rémi Fraisse. Aujourd'hui, le processus de concertation est dans l’impasse.
Après la mort de Rémi Fraisse, le ministère de l’intérieur a soutenu à plusieurs reprises que les grenades offensives n’avaient jamais tué personne auparavant. Comment expliquer ce déni collectif, alors qu’une grenade offensive avait été sérieusement mise en cause dans la mort de Vital Michalon en 1977 ? Mediapart a enquêté et retrouvé les rapports judiciaires sur la répression brutale de 1977.
Même dans un de ses bastions, le PS peine à retenir ses militants. Au rejet de la politique nationale s'ajoutent l'affaire Arif, la privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac et surtout le manque de débat d'idées à l'intérieur des fédérations. La campagne pour les départementales s'annonce délicate.
En France, diverses associations et collectifs entendent s'appuyer sur les événements de Ferguson (États-Unis) et sur la mort du militant écologiste Rémi Fraisse pour imposer la question des violences policières dans le débat public. Avec l'objectif de faire converger diverses luttes, et d'être davantage écoutés par les acteurs politiques.
Les forces de l'ordre « ont rempli leur mission avec professionnalisme et retenue », salue l'inspection générale de la gendarmerie nationale dans un rapport sur le maintien de l'ordre à Sivens depuis fin août 2014. Aucune faute professionnelle n'est retenue dans les événements qui ont causé la mort du jeune homme. Tout juste l'inspection générale concède-t-elle « deux cas de manquements à la déontologie » sur des événements annexes : le jet d'une grenade dans une caravane occupée par des zadistes, qui a grièvement blessé une personne à la main, et un manifestant au sol roué de coups de pied par un gendarme.
Alors que plus aucun engin de chantier n’a pénétré le site du projet de barrage de Sivens depuis la mort de Rémi Fraisse, une nouvelle plainte doit être déposée vendredi 21 novembre pour infraction au code de l’environnement et au code forestier.
Après les révélations de Mediapart sur la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le patron de la gendarmerie nationale Denis Favier ont mené une contre-offensive médiatique toute la journée de jeudi. L’objectif ? Masquer le fait que les autorités savaient dès la nuit du dimanche 26 octobre qu’une grenade offensive était à l’origine de la mort du jeune botaniste. Une question demeure : quel a été le rôle de Matignon ?
Après les révélations de Mediapart et du Monde sur la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur annonce l’interdiction des grenades offensives par les gendarmes dans les opérations de maintien de l’ordre. Un rapport montre l'usage massif et ciblé de ces grenades lors des émeutes contre la vie chère à Mayotte, puis sur des conflits environnementaux à NDDL et Sivens.
La Parisienne Libérée chante la violence de l'État et des grands projets inutiles. Elle s'interroge sur le pacifisme. Avec, en prime, une chanson interprétée par François Hollande lui-même ! Chronique long format.
Mediapart a eu accès à de nouveaux documents sur les circonstances du décès du manifestant. Ils confirment que les autorités ont menti durant plus de 48 heures.• Rémi Fraisse est mortellement touché, à 02 h 03 précises: «Il est décédé le mec. Là c’est vachement grave. Faut pas qu’ils le sachent», dit un gendarme.• Les responsables savent aussitôt que c’est bien une grenade offensive qui l'a tué.• Le lieutenant-colonel qui commandait le dispositif: «Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermet黕 Selon le décompte officiel, plus de 700 grenades en tout genre ont été tirées, dont 42 offensives.
Alors que l’État sait dès la nuit du samedi au dimanche 26 octobre que Rémi Fraisse a été tué par une grenade lancée par les gendarmes, les pouvoirs publics ont fait comme s'ils l’ignoraient pendant 48 heures.
La manifestation parisienne suite à la mort du jeune militant écolo s'est déroulée dans un climat tendu. Les organisations traditionnelles, partis politiques ou syndicats, qui ont peu mobilisé, s'y sont révélées totalement dépassées.