Le rassemblement, à l'appel de France Nature Environnement, en mémoire du jeune écologiste tué à Sivens n'a pas réuni plus de 1 000 personnes, dimanche, à Paris.
Les deux manifestations qui se sont tenues au Champ-de-Mars et place Stalingrad à Paris ont rassemblé à peine plus d'un millier de personnes. D'un côté, un sit-in pacifiste et silencieux en hommage à Rémi Fraisse. De l'autre, un rassemblement interdit visant à dénoncer les violences des forces de l'ordre, qui a abouti à 76 interpellations.
Après la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive qu'avaient lancée les gendarmes, le conseil général du Tarn a décidé d'attendre avant de se prononcer sur le sort du barrage de Sivens. Dans ce fief PS, Thierry Carcenac, président du conseil général, élu depuis près de quarante ans, cumulard et ayant exercé à peu près tous les mandats qu'offre la République, fontionne en vase clos. L'affaire du barrage est l'illustration tragique de la lente dérive d'un socialisme gestionnaire, conduit par des notables enferrés dans leurs certitudes.
Rémi Fraisse, 21 ans, est tué dans des affrontements avec la police. Pendant plus de deux jours, le pouvoir n'a rien à dire. Et quand il parle enfin, c'est par la voix de Manuel Valls pour soutenir des forces de l'ordre pourtant mises en cause. Ce pouvoir insensible avance tel un mort, drapé dans ces mots-incantations.
Après la mort de Rémi Fraisse, le ministère de l'intérieur a appelé les opposants à respecter « l'État de droit ». L'État certes, mais de quel droit ? Chronique chantée.
Un premier ministre qui impose 48 heures de silence à son gouvernement, sans doute trop touché par la mort de Rémi Fraisse, et un gendarme qui peut témoigner d'une enquête en cours. Décidément, Manuel Valls reste très attaché aux valeurs de la gauche.
Le projet du barrage de Sivens se révèle être un savant mélange de conflits d’intérêts, d’alliances politiciennes et d’agrobusiness. Un précédent barrage, celui de Fourogue, promu par le conseil général du Tarn, illustre toutes les dérives de cette gestion locale. Les travaux du barrage sur la zone du Testet sont suspendus et Ségolène Royal, sortie de son silence, a convoqué une réunion mardi prochain.
Manuel Valls, dès le 6 septembre, se félicitait de n'avoir pas cédé aux opposants au barrage de Sivens. En criant aux «casseurs», les actuels responsables ne comprennent rien à ces mobilisations sociales contre des infrastructures jugées inutiles.
Des milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes de province, samedi 1er novembre, en mémoire de Rémi Fraisse. Des affrontements avec la police se poursuivaient en fin de soirée à Nantes et à Toulouse.
Des conseillers et des ministres déplorent la réaction tardive de François Hollande et de Manuel Valls à la mort du jeune manifestant et n'excluent plus la thèse de la responsabilité policière. Mardi, le pouvoir et plusieurs socialistes s'en sont vivement pris aux écologistes.
Deux conflits agitent le monde agricole autour d’enjeux décisifs pour son avenir : peut-on compenser la destruction de sites naturels ravagés par un barrage ? Comment gagner la bataille de l’eau dans l'agriculture alors que se dérègle le climat ? L’avenir des paysans est-il industriel, avec des fermes géantes vouées à l'agrobusiness ? Le gouvernement ne répond à aucune de ces questions.
Le même explosif utilisé dans les grenades des gendarmes a été retrouvé sur les vêtements de Rémi Fraisse, ce manifestant mort dimanche lors du rassemblement contre le barrage de Sivens dans le Tarn. « La mise en œuvre d’un explosif militaire de type grenade offensive semble acquise », estime le parquet d'Albi. Début octobre, une jeune militante avait déjà failli perdre la main après le jet par un gendarme d'une grenade dans une caravane. Depuis plusieurs semaines, Cécile Duflot et d'autres écolos alertaient sur la tension entretenue par les forces de l'ordre et les pouvoirs publics.