Des affiches placardées dans le district de Badaun offrent 500 000 roupies (6 800 euros) à qui arrivera à couper sa langue. Dans les rues de la capitale, Delhi, c’est sa tête qui est carrément mise à prix, pour 1,1 million de roupies (15 000 euros). Kanhaiya Kumar, leader du syndicat étudiant de la Jawaharlal Nehru University (JNU) d’où est partie la révolte qui secoue l’Inde depuis mi-février, est devenu la cible numéro un des nationalistes hindous, qui n’ont décidément plus de limites. Les auteurs de ces avis de recherche stupéfiants ont certes été arrêtés et exclus du Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP) dont est issu le premier ministre, Narendra Modi, ils n’en restent pas moins soutenus implicitement par le gouvernement. Lundi 7 mars, la ministre de l’éducation nationale, Smriti Irani, a participé à une réunion « d’information » organisée par une ONG proche du Corps des volontaires nationaux (Rashtriya Swayamsevak Sangh, RSS), la maison mère idéologique du BJP, au cours de laquelle « communistes et djihadistes » ont été accusés d’être à la manœuvre sur les campus. La JNU a été assimilée à une « pépinière de sécessionnistes » où l’extrême gauche ne penserait qu’à une chose : faire disparaître l’Inde.
Kanhaiya Kumar, le leader étudiant qui tient tête au premier ministre indien
Pris pour cible par le gouvernement nationaliste au pouvoir à Delhi, le jeune homme est sorti de prison après trois semaines d’incarcération. Il se retrouve au centre du débat public et les partis d’opposition le courtisent, à l’approche de scrutins régionaux qui s’annoncent déterminants.
9 mars 2016 à 16h25