À Bamako ces derniers jours, les grin, ces « clubs » à ciel ouvert où l’on palabre, autour d’un thé, de tout et de rien entre voisins et amis à la tombée de la nuit, sont particulièrement agités. Tendus même. Certains sourires sont de façade, et malgré les affinités, les arrière-pensées sont omniprésentes. Si l’on y parle de politique comme d’habitude, la parole n’est pas vraiment libre. « Ceux qui, comme moi, critiquent la junte ne sont pas bien vus. Pour éviter les frictions, je préfère me taire en ce moment », témoigne D., un juriste employé par une ONG qui ne manquerait pour rien au monde ce rendez-vous hebdomadaire. Comme les autres interlocuteurs de Mediapart joints par téléphone, D. a requis l’anonymat. « La pression est trop forte pour parler librement », s’excuse-t-il.
Au Sahel, l’échec de la France Analyse
Mali : le blocus économique du pays met la junte au pied du mur
Face à la volonté des militaires de s’éterniser au pouvoir, les chefs d’État de la sous-région ont imposé un blocus économique sur le Mali. Mais ces mesures soutenues par la France, qui risquent d’aggraver la crise, ne passent pas du tout à Bamako, où la junte bénéficie d’une cote de popularité au plus haut.
15 janvier 2022 à 12h57