De notre envoyé spécial à Bruxelles. Hors de Belgique, la consultation risque de passer inaperçue, tant l'agenda électoral s'annonce chargé sur le continent, ce dimanche 25 mai. Les citoyens des 28 membres de l'Union se rendent aux urnes, du 22 au 25, pour élire leurs eurodéputés, tandis qu'une élection présidentielle décisive se déroule en Ukraine, le 25. Pourtant, pas moins de trois élections se dérouleront en même temps, dimanche, au sein du royaume belge : régionales, fédérales (au niveau national) et européennes.
Tous les observateurs se posent la même question, face à ce méga-scrutin, qui met en jeu plus de 8 000 candidats : la Belgique, qui avait mis 541 jours pour former un gouvernement, à l'issue des élections de juin 2010, est-elle repartie pour un tour ? Le royaume, divisé entre un nord flamand (6,2 millions d'habitants), un sud wallon (3,4 millions d'habitants), une capitale indépendante (Bruxelles, un million d'habitants environ) et une micro-communauté germanophone (75 000 personnes), va-t-il une fois encore frôler l'éclatement ?
Les éditorialistes devront-ils méditer, une fois de plus, sur ce sombre présage que l'on prête à Talleyrand, en 1832 – soit un an après la proclamation de la Constitution belge : « Les Belges ? Ils ne dureront pas. Ce n'est pas une nation, deux cents protocoles n'en feront jamais une nation. Cette Belgique ne sera jamais un pays, cela ne peut pas tenir… » Seule certitude : l'abstention devrait être limitée, dans un pays où le vote est obligatoire (89 % de participation en 2010).
L'un des moments forts de la campagne fut le face-à-face télévisé du 13 mai, opposant Bart de Wever, le chef de l'alliance néo-flamande (N-VA) et bourgmestre (maire) d'Anvers, à Paul Magnette, le jeune patron du PS francophone et bourgmestre de Charleroi (vidéo ci-dessous). Le parti indépendantiste flamand, ancré très à droite, n'a pas fait dans la demi-mesure, proposant des milliards d'économies pour la sécurité sociale, la fin de l'indexation automatique des salaires sur l'inflation (une spécificité belge que le PS défend depuis toujours), ou encore la limitation dans le temps des allocations chômage.
Europe Note de veille
En Belgique, trois élections d'un coup et une grande inconnue
Le parti indépendantiste flamand N-VA va-t-il, comme en 2010, remporter les législatives belges et plonger le pays dans une nouvelle crise politique ? Le scénario n'est pas exclu lors du triple scrutin de dimanche. D'autant que le PS francophone se voit, lui, menacé sur sa gauche par l'ascension du PTB.
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