
Lorsque les « bushéviques » néo-conservateurs américains se sont lancés dans le « nation-building » au Moyen-Orient, avec le succès que l’on vérifie jour après jour en Irak, miné par une guerre civile confessionnelle, et en Afghanistan, le précédent japonais fut beaucoup invoqué : comment la puissance occupante avait réussi à transformer l’empire du Soleil-Levant défait, militariste et nationaliste, en une démocratie prospère et pacifiste. À l’heure où le retour au pouvoir à Tokyo, sous les traits de Shinzo Abe, de la droite conservatrice et révisionniste, réactive le débat sur la réécriture de la constitution codifiant ce « miracle », Le Dernier Bateau pour Yokohama, petit livre d’hommage à Beate Sirota Gordon, décédée en décembre dernier, tombe à point.