La nuit a été courte à Kiev. Dans les bars à moitié vides de la capitale ukrainienne, les habitants scotchés à leurs téléphones ont assisté avec une colère grandissante au discours de Vladimir Poutine et à l’annonce de l’envoi de soldats pour « maintenir la paix » dans les territoires séparatistes.
Dans la plus grande ville non occupée de l’est de l’Ukraine, les activistes d’un centre culturel fondé par des déplacés vivent dans l’angoisse, décuplée depuis que Vladimir Poutine a reconnu, lundi, les républiques séparatistes autoproclamées de Louhansk et Donetsk, toutes proches. La Russie y envoie déjà des soldats.
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi soir qu’il reconnaissait l’indépendance des deux territoires ukrainiens contrôlés par des séparatistes soutenus par Moscou, ce qui pourrait déboucher sur un conflit d’ampleur.
Très proche de Kiev, la Turquie veille néanmoins à ne pas se brouiller avec Moscou. Jusque-là, en effet, elle coopérait de plus en plus avec la Russie, au fur et à mesure de la dégradation de ses liens avec Européens et Américains. Un exercice difficile en raison de l’escalade actuelle.
La France avait annoncé, dans la nuit de dimanche à lundi, que les présidents américain et russe avaient accepté le « principe » d’un sommet entre eux proposé par Emmanuel Macron. La Russie a assuré mardi matin être toujours « prête » aux négociations avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Vladimir Poutine s’apprête-t-il à frapper l’Ukraine ? Et ce, non sans avoir usé d’un art planifié de l’intoxication, de la ruse et des feintes : « maskirovka » en russe ? Retour sur ces opérations de « déception », art suprême du mensonge plausible.
L’heure est de nouveau à l’escalade. Les Américains accusent Moscou de vouloir envahir l’Ukraine d’un moment à l’autre. Sur la ligne de front de l’est du pays, les Ukrainiens et les séparatistes soutenus par les Russes s’accusent réciproquement d’être responsables des incidents qui se multiplient.
Après un sérieux retard à l’allumage, dû à des intérêts politiques et économiques contradictoires ainsi qu’aux actions de l’ex-chancelier Schröder en faveur des Russes, le nouveau chef du gouvernement allemand s’est rangé aux côtés de ses alliés dans la crise ukrainienne.
Les principaux groupes du Parlement européen ont plaidé mercredi pour accélérer la préparation de sanctions contre Moscou en cas d’invasion de l’Ukraine, alors que, sur le terrain, le retrait partiel des Russes n’est pas confirmé par les Occidentaux.
Les Russes ont annoncé mardi le départ d’une partie des plus de 100 000 militaires massés près de la frontière ukrainienne. De passage à Moscou, le chancelier allemand Olaf Scholz a évoqué un « bon signe », mais la prudence reste de mise dans les capitales occidentales.
Alors que les tensions sont à leur comble à la frontière entre Russie et Ukraine, certains à Washington, conservateurs ou démocrates, dénoncent à la fois les menaces de Vladimir Poutine et les erreurs commises par les États-Unis depuis la chute du bloc soviétique.
Après les déclarations américaines sur une invasion imminente de l’Ukraine par les troupes russes, plusieurs pays, y compris en Europe, ont appelé à quitter le pays. Emmanuel Macron s’est entretenu samedi avec Vladimir Poutine.
Alors que les tensions avec Moscou sont croissantes, l’Ukraine peut compter sur près de 400 000 vétérans. Ceux-ci tentent de se reconstruire, malgré la guerre encore active, et sont prêts à repartir au front.
Alors qu’Emmanuel Macron est à Moscou, analyse de la situation avec Marie Dumoulin, directrice du programme « Europe élargie » à l’ECFR, Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences en science politique, et Élie Tenenbaum, directeur du centre des études de sécurité de l’Ifri.
Boris Johnson a souhaité samedi un déploiement « majeur » de troupes de l’Otan pour contrer une éventuelle invasion russe de l’Ukraine. Moscou veut toujours empêcher l’adhésion du pays à l’Alliance atlantique.
Alors que les discussions entre Washington et Moscou avancent à petits pas, Kiev compte sur ses alliés. En premier lieu les Américains et les Britanniques, inquiets d’un putsch et d’une invasion possible. À Kiev, ce scénario est jugé « peu probable ».