Dans une Italie bien moins exposée aux arrivées d'exilés que par le passé, le ministre de l'intérieur Matteo Salvini se répand en propos xénophobes tandis que les attaques racistes se multiplient. Rien à voir avec la Grèce de l’été 2015 qui, asphyxiée financièrement, avait généreusement accueilli les personnes qui débarquaient chaque jour par milliers.
La saisie, par les autorités italiennes, du bateau d’une ONG portant secours aux migrants est devenue l’emblème d’une campagne de criminalisation de celles et ceux qui tentent de sauver des vies en Méditerranée. Le collectif Forensic Architecture démonte, à l’aide d’outils inédits, les failles et les biais de cette accusation à la veille d’une décision de la Cour suprême italienne.
Nombre de dirigeants européens appellent à une « coopération » renforcée avec les garde-côtes libyens. Mais une fois interceptés en mer, ces migrants sont renvoyés dans des centres de détention indignes et risquent de retomber aux mains de trafiquants.
Une fois débarqué en Italie, Moussa, Soudanais de 26 ans, a erré dans les limbes du système d’asile européen pendant plus d’un an, ballotté entre Paris et Rome. Le Conseil d’État vient d’imposer à la France l’examen de son dossier. Mediapart a reconstitué son parcours, symbole de l’absurdité des politiques migratoires, alors qu'un mini-sommet de crise se tient dimanche à Bruxelles.
L'exécutif français est resté silencieux depuis le blocage de l'Aquarius dimanche. Nous republions le parti pris d'Edwy Plenel s'indignant à l'été 2017 de la criminalisation d'ONG portant secours aux migrants en Méditerranée.
Poète, romancier et alpiniste, Erri de Luca est aussi une figure de la scène publique italienne, ancien militant d’extrême gauche, opposant aux grands travaux et aujourd’hui contempteur de la politique anti-migrants déployée par le gouvernement.
Aux mains des passeurs toubous et touaregs sévissant dans le sud du pays, les migrants subsahariens sont, en outre, la cible de ravisseurs qui les torturent et les rançonnent le long du périple qui les mène du désert du Sahara aux côtes libyennes.
Les routes migratoires via la Méditerranée sont en pleine redéfinition depuis cet été. La baisse inattendue des arrivées en Italie s’accompagne d’une hausse des débarquements en Espagne. Un groupe armé libyen pourrait contribuer à réduire les départs depuis la Libye.
Grâce aux ONG, des centaines, voire des milliers de migrants sont régulièrement sauvés en Méditerranée. Pourtant, elles font face à une campagne de dénigrement sans précédent, tandis que les États européens financent la Libye pour que ce pays empêche les embarcations d’arriver sur les côtes italiennes.
Des migrants subsahariens secourus en Méditerranée racontent les exactions qu’ils ont subies en Libye. D’après leurs récits, l’armée libyenne, destinataire de fonds européens, est partie prenante du trafic d’êtres humains qui sévit dans ce pays.
Mediapart a pu monter à bord d'un navire patrouillant en Méditerranée dans le cadre de l'opération Triton, coordonnée par l'Agence européenne de surveillance des frontières extérieures. En moins de trois mois, l'équipage du Týr a sauvé 2 000 exilés cherchant à rejoindre l'Italie. Cette fois-ci, un cargo suspect – une vieille bétaillère – a été repéré en haute mer. Mais, en l'absence d'appel au secours, les gardes-côtes ne sont pas intervenus.
Le business de migrants n'a jamais été aussi lucratif. Implantés en Libye et en Turquie, les trafiquants transportent des milliers de Syriens et d'Africains subsahariens fuyant leur pays. Disposant d'un large réservoir de vieux bateaux, de milices armées et de moyens logistiques, ils profitent des failles du système de contrôle des frontières de l'UE.
La Haut commissariat aux réfugiés redoute la mort de 700 personnes, samedi 18 avril, dans le naufrage de leur embarcation, au large des côtes libyennes. Des milliers de migrants ont péri depuis le début de l'année. Nos enquêtes.