François Hollande, qui rechigne à théoriser sa ligne politique, est longtemps resté très éloigné des chercheurs et des intellectuels qui gravitent autour du parti socialiste. Un manque que certains de ses proches essaient aujourd'hui de pallier, au vu de la dégradation de la situation.
Souvent le président est accusé par ses propres camarades socialistes de gérer le pays comme il a géré le parti. L’anniversaire de son élection est aussi celui des dix ans du congrès de Dijon. Un congrès où il devint le vrai patron du PS, mais qui est aussi le péché originel du hollandisme en responsabilité. Décryptage.
Mediapart a retrouvé l’origine du « cap » élyséen exprimé jeudi soir sur France 2. Ce fameux « hollandisme » était déjà tout entier contenu dans un ouvrage de Max Gallo publié en 1984, « discuté et enrichi » par le jeune énarque François Hollande. Retour vers le futur, où l'on voit déjà érigé le « bricolage pragmatique » en référence de gouvernement.
En dix-huit mois, le président de la République n’a pas seulement réussi à coaliser contre lui des fronts très divers et à dérouter des pans entiers de sa majorité. Même sa garde rapprochée est désormais gagnée par l’inquiétude.
Les commentateurs n'en attendaient pas grand-chose. Or la prestation télévisée du chef de l'État, jeudi soir, relève de l'événement. François Hollande a tourné la page de la gauche – le mot n'a pas été prononcé – et de ses engagements emblématiques – réforme politique, réforme sociale, droit de vote des étrangers –, pour égrener sur un mode comptable un programme centriste d'adaptation à la crise.
Entre le veto de l'exécutif et la pression à gauche, les socialistes ont choisi de gagner du temps sur la question de l'amnistie sociale, défendue par le Front de gauche et les écologistes. Le texte sera renvoyé en commission des lois.
Les événements de Trappes ne font qu'entériner une évolution débutée avec la loi anti-niqab de 2010, alors votée avec le consentement du PS. Tandis que la droite se complaît dans les amalgames, la gauche se réfugie derrière la défense de l'ordre et d'une laïcité de fer.
Après Nicolas Sarkozy à Gandrange, c’est au tour de François Hollande d’avoir sa stèle mortuaire à Florange en hommage aux promesses non tenues et à cette merguez avalée le 24 février 2012 en compagnie des Arcelor-Mittal où il s’était engagé à sauver les hauts-fourneaux.
6 mai 2012 - 6 mai 2013. Reportages, enquêtes et entretiens consacrés au bilan de l'an I du quinquennat de Hollande.Lire aussi notre dossier sur sa campagne présidentielle.