L’écrivain Jorge Luis Borges nous donne les clés de lecture du champ de ruines politique actuel. La multiplication des candidats, comme autant d’agents Smith du film Matrix, est un autre symptôme. Dans une démocratie minée par le néolibéralisme, où les algorithmes organisent les consultations des citoyens, la délibération commune est ruinée. Le discrédit a atteint le cœur même du système.
Face à l’onde de choc provoquée par l’attentat de Nice, notamment à droite, François Hollande et son gouvernement peinent à trouver une réponse pour éviter l’explosion de la société française, bouleversée par le terrorisme. Certains ministres se disent « désemparés ». À l’Élysée, on appelle à la mobilisation de la société.
Le président de la République s’est livré à un exercice d’autosatisfaction, promettant une nouvelle fois de ne rien changer, y compris dans la gestion de son équipe, entre Valls et Macron. Il prépare sa candidature pour 2017.
Les violences policières lors des manifestations contre la loi sur le travail s'inscrivent dans un cycle plus large de régression démocratique qui affecte toutes les libertés fondamentales. Cette régression est la conséquence directe de la victoire du néolibéralisme. Un néolibéralisme qui ne se contente pas de limiter les contre-pouvoirs mais désactive et rend caduc le projet politique même de la démocratie. Il est l'explication de l’échec démocratique du quinquennat de François Hollande.
Rester une promesse : c’est le défi de François Hollande s’il veut conserver le pouvoir en 2017. Comme tout homo politicus néolibéral, il doit promettre encore et toujours en sachant très bien qu’il ne peut pas changer grand-chose pour cause de marchés financiers, de mondialisation, de construction européenne. Sa politique ? Une gestion des attentes non satisfaites.
Certains ministres y ont passé une tête, d’autres y voient une jeunesse qu’il faut au mieux « écouter », mais au fond, François Hollande et son gouvernement n’ont pas grand-chose à lui dire. Entre la Nuit debout et le PS, le fossé a des allures d’abîme.
Manuel Valls juge « essentielle » la bataille « culturelle et identitaire », davantage que « l’économie et le chômage ». Une façon d’incarner une vision « républicaine » se concentrant sur une islamophobie assumée sous couvert de laïcisme, un sentiment majoritaire dans la classe politique de gauche actuelle. Mais la jeunesse qui se mobilise est à mille lieues de cette obsession néfaste.
Compte-rendus des débats à l'assemblée, reportages en manifs et autour de Nuit debout, enquêtes sur les méthodes policières, décryptages des stratégies syndicales, analyses et émissions vidéos… Retrouvez notre dossier sur la loi El Khomri et les mobilisations l'entourant.
Étonné par le succès des manifestations contre la réforme du code du travail, et avant la nouvelle journée d'action du 17 mars, le gouvernement a été contraint de changer de ton. Les organisations de jeunesse seront reçues vendredi à Matignon et plusieurs mesures sont en discussion. C'est la fin du mandat du président de la République qui est en jeu.
Depuis l’appel à manifester le 9 mars lancé par vingt organisations de jeunesse, le gouvernement redoute des manifestations massives, dix ans après le CPE. « Un mouvement social, des provocations, et un drame… Cela fait sauter un gouvernement », dit un ministre.
Le président de la République a annoncé mercredi l'abandon de la réforme constitutionnelle. Après quatre mois de débats incessants sur la déchéance de nationalité qui ont cristallisé les oppositions à gauche, le Congrès ne sera donc pas convoqué. Le pouvoir tente d'en faire porter la responsabilité à la droite.
Première vice-présidente PS de l'Assemblée nationale, Laurence Dumont, très critique de la ligne de l'exécutif, juge « possible » que François Hollande ne soit pas candidat à la présidentielle, vu le « désamour » des Français.
L'ancienne ministre, débarquée lors du remaniement, a retrouvé sa liberté de parole. Elle critique la version actuelle de la loi sur le travail. « L'équilibre entre Valls et le discours du Bourget ne se fait plus », dit-elle.
Les tensions s'accumulent au plus haut sommet de l'État à 14 mois de la présidentielle. Même un banal entretien de la ministre du travail devient l'objet de frictions entre l'Élysée et Matignon. Mais si François Hollande et Manuel Valls divergent parfois sur leur stratégie politique, sur le fond, ils sont encore d'accord.
Quatre militants socialistes de Saint-Ouen racontent pourquoi ils viennent de quitter leur parti. Du pacte de responsabilité à la déchéance de nationalité, ils critiquent la ligne de François Hollande. Mais aussi les pratiques locales d'un PS qui s'assèche. Tous rêvent d'un mouvement citoyen et d'une autre façon de faire de la politique. D'un « truc pétillant ». Témoignages.
Manuel Valls innove : avant même que le projet de loi sur la réforme du code du travail ne soit présenté en conseil des ministres, il invente le 49-3 préventif pour faire taire sa majorité. Plus la bête parlementaire regimbe, plus il faut l'assommer tôt. Il n'est pas dit que l'exercice réussisse.