Avec la démission de Christiane Taubira, François Hollande se coupe de toute voix discordante au sein du gouvernement mais aussi de tous ceux qui, dans la société, jouent le rôle d’analyseurs. Ce désarmement intellectuel est souligné par les attaques de Manuel Valls contre « ceux qui cherchent des explications culturelles ou sociologiques au terrorisme ». Cet anti-intellectualisme tapageur ne nous protège en rien du terrorisme.
En plein débat sur la réforme constitutionnelle, la démission de Christiane Taubira, remplacée par un proche de Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas, signe l’ultime rétrécissement politique du gouvernement, sur la ligne libérale et sécuritaire voulue par François Hollande.
Dans un entretien, l'ancienne ministre revient sur le contexte politique actuel, « ce moment où une raison prétendument supérieure écrase toute réflexion collective et personnelle » et s'interroge sur le « refus obstiné et absolu de consentir à un virage politique » du président et de son premier ministre.
L’affaire de la déchéance de nationalité pour les binationaux vire au n’importe quoi. Depuis deux mois et demi, le gouvernement n’a cessé de s’enliser et de changer d’avis. L'Assemblée nationale examine la révision constitutionnelle à partir de vendredi 5 février.
À la veille du débat parlementaire sur la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande, les socialistes étaient toujours en conclave ce mardi soir pour chercher un compromis sur la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme. Une mesure décidée en urgence après les attentats.
Si les ministres sont rentrés dans le rang, les députés et la direction du PS constatent l’hostilité majoritaire à la déchéance de nationalité pour les binationaux. Passant outre leur consternation, ils cherchent comment « sauver le soldat Hollande ».
L’affolement des argumentaires le prouve : avec la déchéance de la nationalité, le pouvoir a accouché d’une monstruosité mutante qui est en train de faire perdre tout repère, politique et historique, à ses soutiens. Ils ont tout oublié, et notamment ce qu’écrivait Hannah Arendt dans son maître-ouvrage, Les Origines du totalitarisme.
Lors de ses vœux aux Français, le président a essentiellement parlé terrorisme et « priorité pour l’emploi ». Tout en essayant de glisser tous les mots-clés d’une gauche qu’il a oubliée. Au risque de se voir renvoyer une réalité à l’opposé de ses bonnes résolutions affichées.
Le pouvoir a limité la casse lors de ces régionales, mais il est loin de pouvoir espérer endiguer à l’avenir le FN, qui engrange un nombre de voix historique lors du second tour. François Hollande doit désormais trancher entre les appels à réorienter à gauche, à accélérer vers la droite ou à ne rien changer.
L’introduction dans notre Constitution de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français serait un attentat contre la République, ruinant son principe d’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine. En portant ce projet, la présidence Hollande et le gouvernement Valls actent leur propre déchéance politique en signifiant leur ultime rupture avec le peuple de gauche.
François Hollande a perdu. Le PS n'aura plus que quelques régions dimanche prochain. Mais le chef de l'État se projette déjà dans la présidentielle de 2017. Avec un FN fort et une droite sans ressort, les résultats de dimanche soir confirment sa stratégie : être le seul rempart « républicain » face à Marine Le Pen.
Lundi soir sur TF1, le premier ministre n’a pas pu s’empêcher de se faire bravache : «Je ne suis pas là pour m’excuser.» Mais en moins de deux ans à Matignon, son bilan est celui de l’installation du FN au-dessus des 30%, de la montée du chômage et de la disparition de la gauche.
Ce n’est plus l’après-Charlie et les appels à la cohésion du pays, mais la « guerre ». Dès dimanche, la France a bombardé la ville syrienne de Raqqa, fief de l'État islamique. Lors de son discours lundi au Congrès, François Hollande va de nouveau évoquer une « armée terroriste » et justifier des mesures sécuritaires supplémentaires et une intensification des frappes en Syrie.
En quelques jours, le gouvernement a dû reculer sur plusieurs mesures budgétaires. L’exécutif craint une débâcle aux régionales mais son discours volontariste sur la réforme reste comme suspendu.
À deux mois des élections régionales et en plein conflit social à Air France, François Hollande semble fragilisé, incapable de répondre aux inquiétudes des Français et aux interpellations de son électorat. Au gouvernement et même dans son entourage, une partie de ses partisans sont gagnés par le doute.
Le président de la République a fait sa rentrée. Un seul mot d'ordre: il agit et fait des « choix ». En creux, on comprend qu'il prépare déjà activement 2017, compétition où il entend se présenter en rempart contre le « repli » et les désordres du monde.