Entre le 30 juin et le 7 juillet, le « front républicain » s’est reconstitué avec une force étonnante. En cause : un contexte électoral différent de 2022, les ratés de la « machine » lepéniste, et la difficulté structurelle à vendre comme banales des idées qui ne le sont pas.
Un hémicycle non paritaire, peu représentatif de la diversité de la société et en décalage avec la réalité économique et sociale du pays : ces législatives anticipées, organisées en urgence, ont accentué les défauts bien connus de la représentation nationale à la française.
L’ancien premier ministre a reconnu avoir dîné avec Marine Le Pen, mais ne voit pas le problème. Une énième pierre apportée à l’édifice de dédiabolisation que le Rassemblement national bâtit depuis des années, sur le terreau du confusionnisme et de l’égarement.
Le blocage politique français est un symptôme supplémentaire illustrant une déstabilisation mondiale plus générale. Une étude récente montre comment les sociétés libérales sont dépassées par un trio de crises interdépendantes : stagnation économique, surplus de main-d’œuvre et destruction écologique, qui structurent le capitalisme contemporain.
De 1962 à 2023, soixante ans de choix politiques, de déceptions accumulées et de traumatismes, de la guerre d’Algérie aux retraites, en passant par Maastricht et la laïcité, ont nourri un vote de rupture identitaire, exprimé le 7 juillet à des niveaux record et en toute conscience.
Sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire est contraint d’imaginer des scénarios pour pouvoir gouverner sans renier son programme, et sans tomber dans l’écueil du passage en force.
Rarement une dynamique de campagne n’avait autant évolué entre les deux tours d’un scrutin législatif. Quoiqu’en progression nette, l’extrême droite en fait les frais. Arrivé en tête, le pôle de gauche doit composer avec la place centrale conservée par le camp présidentiel. Confirmée, la tripartition de l’électorat fragmente encore davantage l’Assemblée.
La dissolution de l’Assemblée nationale a fait perdre aux macronistes la majorité relative dont ils disposaient. À la faveur des désistements, la coalition présidentielle conserve toutefois 150 sièges. La suite laisse présager une scission dans les rangs, autour d’une question : faut-il proposer à la gauche une coalition ?
D’après les premières estimations, l’extrême droite et ses alliés arrivent en troisième position au soir du second tour des élections législatives, derrière le Nouveau Front populaire et le camp présidentiel. Avec une participation très forte, le barrage a tenu.
Au prétexte de ne laisser aucun Français de côté, les grands médias ont ouvert leurs colonnes au RN en rompant le cordon sanitaire autrefois de rigueur. Dans certaines rédactions, l’heure est à la protestation ou au moins à l’introspection.