Parmi les collaborateurs de l’Élysée ayant fini par « régulariser » leur situation en remplissant leur déclaration d’intérêts et de patrimoine, seul Alexandre Benalla est aujourd’hui poursuivi par la justice pour « non-accomplissement d’obligations déclaratives ». Dans les cabinets ministériels, contraints à des effectifs réduits, certains contournent encore les règles de transparence. Et passent sous les radars.
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En quittant la présidence de la République, Alexandre Benalla a bénéficié d’un important soutien financier d’hommes d’affaires opérant en Afrique… tout en continuant à percevoir des milliers d’euros de Pôle emploi. Parmi ces généreux mécènes, Vincent Miclet, intermédiaire de la Françafrique qui a été accueilli à l’Élysée une nuit de février 2018.
Une journaliste du Monde est convoquée comme suspecte par la DGSI en marge de l’affaire Benalla. Cela fait suite à la tentative de perquisition de Mediapart dans le même dossier et aux auditions comme suspects de journalistes dans le dossier des armes françaises au Yémen. À chaque fois, les enquêtes sont dirigées par le même homme : le procureur Rémy Heitz.
Dans le feuilleton Benalla, il joue le rôle de l’homme de l’ombre. L’intermédiaire français Jean-Louis Haguenauer, qui fut l’architecte du contrat russe d’Alexandre Benalla du temps où celui-ci travaillait à l’Élysée, a développé depuis plus de trente ans un réseau d’influence unique en Russie, ainsi qu’une grande proximité avec les services secrets du pays.
Selon nos informations, le chauffeur du président de la République, Stéphane P., est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « refus d'obtempérer » après plusieurs sommations de policiers lors d’un contrôle routier fin février. Il est resté à l’Élysée pour occuper des fonctions de sécurité.
Dans un avis rendu le 14 mars, la commission de déontologie de la fonction publique a interdit plusieurs activités à Alexandre Benalla, en soulignant la « confusion » entre ses missions publiques et privées. Un obstacle pour sa reconversion express. D’autant que, selon nos informations, l’ancien collaborateur n’a pas tout dit à l’organisme de contrôle.
Mediapart assigne l’État en justice pour la tentative de perquisition de notre journal dans l’affaire Benalla. Nous demandons au tribunal de juger qu’en ordonnant cette action infondée, déloyale et disproportionnée, le procureur de la République de Paris a engagé la responsabilité de l’État, violant la protection accordée au secret des sources et entravant la mission journalistique de Mediapart.
Selon nos informations, la société France Close Protection, qui a conclu des contrats de sécurité avec deux oligarques russes, a loué une villa à Marrakech pour le compte d’Alexandre Benalla. Son coût : 14 500 euros. Le bail a été établi en décembre au nom de la compagne de Benalla.
Loin de profiter du remaniement pour élargir son spectre, Emmanuel Macron a finalement pioché dans un vivier extrêmement resserré, en nommant au gouvernement deux de ses conseillers à l’Élysée et une députée de sa majorité. Les symboles sont respectés, mais le problème politique reste entier.
En sortant du silence qu’imposait leur fonction de conseillers du président de la République, Ismaël Emelien et David Amiel agissent comme révélateurs de ce qui ne fonctionne pas depuis deux ans. Entre arrogance et discours creux, l’image qu’ils livrent au grand public vient confirmer celle qui colle au chef de l’État.