En sortant du silence qu’imposait leur fonction de conseillers du président de la République, Ismaël Emelien et David Amiel agissent comme révélateurs de ce qui ne fonctionne pas depuis deux ans. Entre arrogance et discours creux, l’image qu’ils livrent au grand public vient confirmer celle qui colle au chef de l’État.
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Lorsque Le Monde a révélé les agissements d’Alexandre Benalla lors de la manifestation du 1er mai 2018, des conseillers d’Emmanuel Macron ont fabriqué puis diffusé une vidéo trompeuse, révèle le quotidien.
Un rapport d’enquête de la police scientifique, que révèle Mediapart, démontre que les enregistrements de l’affaire Benalla n’ont pas été montés. L’expertise « renforce l’hypothèse » selon laquelle il s’agit bien des voix d’Alexandre Benalla et Vincent Crase, et privilégie la piste d’« un enregistrement par un dictaphone ou un smartphone ».
Le Sénat, vertueux « contre-pouvoir » ? Après que l’institution a saisi la justice, jeudi 21 mars, des cas d’Alexandre Benalla et de collaborateurs du chef de l’État, les sénateurs LR donneraient presque des leçons de droit et de respect de l’autorité judiciaire. S'il faut se féliciter du signalement, n'oublions rien de leurs pratiques.
L’actuel principal garde du corps d’Emmanuel Macron est un proche d’Alexandre Benalla, dont il a poussé au recrutement à l’Élysée dans des conditions dérogatoires. L’homme en question, Christian Guédon, est aussi, d’après son C.V. consulté par Mediapart, un spécialiste dans les « domaines [...] de l’effraction et de l’infiltration », ainsi que « des techniques d’ouverture discrètes des serrures de bâtiments et véhicules » à des fins judiciaires.
Malgré des « pressions » exercées par l’Élysée, le Sénat a décidé de transmettre à la justice les dossiers de trois proches collaborateurs d’Emmanuel Macron, suspectés de faux témoignages devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Benalla. Ce faisant, il joue à plein son rôle de contre-pouvoir et affaiblit davantage encore l’exécutif.
Dans sa première interview télévisée, Alexandre Djouhri, intermédiaire du financement libyen de Nicolas Sarkozy, a adoubé mardi soir Alexandre Benalla.
Le bureau du Sénat doit se prononcer, jeudi matin, sur la transmission à la justice des cas de parjure d’Alexandre Benalla et Vincent Crase, mais surtout de trois responsables de l’Élysée. Sur les vingt-six votants, les dix membres de la droite sénatoriale vont faire basculer la décision. De quoi alimenter les tractations.
Mediapart a pu identifier plusieurs documents produits par Alexandre Benalla sur lesquels planent des soupçons de faux, mais aussi plusieurs mensonges proférés dans le cadre professionnel par l’ancien collaborateur du président pour obtenir certains avantages.
Le conseiller spécial d’Emmanuel Macron a reconnu avoir organisé la diffusion d’images visant à légitimer les violences d’Alexandre Benalla le 1er Mai. Selon Le Monde, Ismaël Emelien a déclaré à la police des polices qu’il ignorait alors la provenance des bandes, tirées illégalement de la vidéosurveillance de la préfecture de police de Paris.