Longtemps grand reporter à Libération, travaillant sur le Proche et Moyen-Orient. A présent, journaliste indépendant et écrivain.
Auteur de romans policiers,
dont Chiens et Louves (Gallimard - Série noire) et Une guerre sans fin (Rivages noir),
de récits de guerre, dont
Afghanistan: jours de poussière (La Table Ronde - grand prix des lectrices de Elle en 2003)
Les Rolling Stones sont à Bagdad (Flammarion - 2003)
La mort est ma servante, lettre à un ami assassiné - Syrie 2005 - 2013 (Fayard - 2013)
Le djihad contre le rêve d'Alexandre (Le Seuil - prix Joseph Kessel - 2017)
Ne pas porter le voile est désormais assimilé à un crime en Iran, où des caméras « intelligentes » traquent les contrevenantes. Dans tout le pays, les attaques chimiques contre les écoles pour filles ont repris.
Le Guide suprême Ali Khamenei a reconnu la réalité des attaques au gaz qui ont conduit à l’hospitalisation de plus de 5 000 lycéennes, collégiennes ou écolières. Leurs auteurs chercheraient aussi à imposer un rapport de force dans le cadre d’une lutte pour le pouvoir.
Bachar al-Assad veut profiter de l’effet d’aubaine que représente à ses yeux le tremblement de terre pour sortir de son statut de paria. S’il a marqué des points, le chemin pour quitter son isolement reste encore long et un rapprochement avec Riyad irréaliste.
Un millier de jeunes filles ont été victimes d’attaques au gaz dans leurs établissements scolaires, à travers tout le pays. Le régime a fini par reconnaître ces agressions, perpétrées, semble-t-il, par des « groupes de vigilants » islamistes, mais paraît peu disposé à mener l’enquête.
En raison de la féroce répression que ne freinent pas les mesures très partielles d’amnistie, le mouvement de la jeunesse iranienne a renoncé aux manifestations pour s’orienter vers d’autres formes d’action. La résistance est aussi pour beaucoup individuelle.
Aucun leader réformiste n’ose dénoncer le climat de peur qui règne dans la République islamique, où la contestation a dû se retirer des rues. Seuls quelques grands ayatollahs se permettent de critiquer les condamnations à mort.
Quatre mois après la mort de Mahsa Amini, et alors qu’une nouvelle pendaison a été annoncée par Téhéran, l’impitoyable férocité du régime a fait fléchir le soulèvement de la jeunesse iranienne. L’effet est particulièrement notable dans les couches les plus pauvres, qui ont largement contribué à alimenter la révolte.
Le régime, qui a fait le choix de la terreur et durcit sans cesse ses menaces, rapatrie du front syrien les milices chiites afghanes et pakistanaises. Du côté de la contestation, les manifestations sont devenues plus sporadiques.
L’exécution inattendue du jeune manifestant Mohsen Shekari pour « inimitié à l’égard de Dieu » témoigne du fait que le régime de Téhéran ne mise que sur la répression pour venir à bout de la contestation. Plusieurs autres pendaisons semblent imminentes.
Mediapart organisait mardi 6 décembre une grande soirée publique de soutien au peuple iranien : Femme, liberté, solidarité. Durant plus de deux heures, des intellectuels, des artistes et de nombreuses personnalités iraniennes ont témoigné sur scène.
Pour les familles, l’incarcération ou la disparition d’un proche signifie souvent le début d’une longue recherche pour savoir qui le détient et son lieu de détention. Le célèbre rappeur Toomaj, dont on était sans nouvelles, risque d’être condamné à mort.
À Mahabad, les gardiens de la révolution sont intervenus massivement pour mettre fin à la contestation. La ville est coupée du monde et d’autres localités kurdes subissent une répression terrible. En Syrie, dans la région du Rojava, les Kurdes sont ciblés par la Turquie.