Le premier roman de Marin Fouqué, 77 (Actes Sud), s’attarde là où l’on ne s’arrête pas : en Seine-et-Marne, dans un abribus, sous la capuche d’un jeune homme. Il confirme qu’un nouveau genre est en train de s’inventer, celui du roman périurbain, après Fief de David Lopez et Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.
Dans Civilizations, Laurent Binet renverse le cours de l’histoire : ce ne sont pas les Européens qui découvrent l’Amérique, mais les Amérindiens qui découvrent l’Europe. Cette joyeuse parodie qui veut promouvoir un autre monde possible ferme pourtant l’horizon. Avec ce roman, nous commençons notre série de chroniques sur la rentrée littéraire.
À vos stylos ! Les éditions Pontcerq rééditent un vigoureux pamphlet de Sénèque contre l’empereur Claude et lancent « le plus grand concours de satire ménippée jamais organisé : il est ouvert aux écrivains chevronnés comme aux gratte-papier débutants ». Un citrouillage en règle « des chefs et cheffes en exercice – ou mieux même – fraîchement éliminés du pouvoir ». La matière ne manque pas.
Le chercheur et spectateur Olivier Neveux s’en prend au conformisme d’un théâtre qui se croit politique quand il n’est que policé ou routinier. Un texte qui ne résout pas tous les problèmes qu’il soulève, mais oblige à se positionner face à la production scénique actuelle.
À Milan en 1630, des hommes sont accusés d’avoir volontairement répandu la peste : ils sont atrocement torturés et mis à mort ; une colonne est érigée pour marquer leur infamie. Deux siècles après, Alessandro Manzoni, le plus célèbre romancier italien du XIXe siècle, contre-enquête.
Avec Un nouvel âge de l’enquête, le chercheur Laurent Demanze saisit et étudie un tournant dans la littérature contemporaine, qui cultive une « passion du réel » à l’articulation des sciences sociales et de l’imaginaire. Car il est temps de comprendre que la littérature n’est pas enfermée dans une tour d’ivoire, elle bat le pavé.
Dans Charles Manson par lui-même, qui sort ce jeudi, le gourou psychopathe condamné pour une série d’assassinats perpétrés en 1969 raconte sa vie. Mais sa version de l’histoire, celle d’un petit délinquant épris de liberté, a tous les airs d’un ultime tour de passe-passe. Quand le document, le témoignage, devient un moyen retors de séduire le lecteur.
L’unique roman de l’écrivain suisse allemand Beat Sterchi est un chef-d’œuvre qui nous mène de l’étable à l’abattoir. En chroniquant la vie d’un ouvrier immigré.
Nico Walker a écrit Cherry en prison : le roman raconte sa propre histoire, celle d’un jeune engagé américain envoyé se battre en Irak ; à son retour aux États-Unis, il plonge dans l’héroïne et devient braqueur de banque : « Peut-être que si je m’étais fait tuer on aurait gardé de moi le souvenir d’un mec bien. » Mediapart a pu s’entretenir avec l’auteur, détenu dans le centre pénitencier du Kentucky.
La question de la republication des pamphlets antisémites de Céline, qui avait suscité la polémique l’année dernière, ne doit pas être considérée comme une affaire pour savants et abscons débats ; car ces textes ont pour enjeu des questions de vie ou de mort. L’abject manifeste de l’auteur des attentats de Christchurch et la réédition d’un opuscule dénonçant l’antisémitisme de Céline en 1938, Céline en chemise brune, viennent nous le rappeler.
La journée du 8 mars est désormais la journée de la grève des femmes, depuis des mouvements lancés il y a deux ans en Espagne et en Italie. Retour sur trois publications féministes qui sortent de la stricte problématique de genre : Féminisme pour les 99 %, de Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya et Nancy Fraser, Un féminisme décolonial, de Françoise Vergès, et Mes bien chères sœurs, de Chloé Delaume.
Ils ont cru qu’ils passeraient leurs vieux jours à siroter un jus de fruit en contemplant leur gazon bien taillé, ils se retrouvent à dormir dans leur van sur un parking de supermarché en attendant l’heure de l’embauche. Nomadland, de Jessica Bruder, est une enquête sur un pan encore méconnu de l’Amérique pauvre, les retraités itinérants à la recherche de jobs saisonniers.
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