Désavoué par la haute instance judiciaire qui a invalidé sa réforme judiciaire, critiqué pour sa conduite erratique de la guerre contre le Hamas… Benyamin Nétanyahou n’a jamais été aussi impopulaire. Il a le choix entre la démission et la fuite en avant.
Le premier ministre israélien a annoncé le jour de Noël une nouvelle intensification des frappes à Gaza. Après la guerre, il devra répondre de sa responsabilité dans les choix qui viennent d’exposer Israël à un traumatisme historique et la population palestinienne à un carnage barbare.
Occupé à fuir ses responsabilités dans les choix stratégiques aventureux qui ont permis l’attaque terroriste du 7 octobre dernier, le premier ministre israélien n’a développé aucune vision pour l’après-guerre dans la bande de Gaza. Contrairement à Washington.
L’armée israélienne utilise dans la bande de Gaza une stratégie de guerre totale qui ne distingue pas les cibles civiles des cibles militaires et ignore délibérément le principe de proportionnalité de la force, fondements du droit de la guerre. En application d’une doctrine inventée il y a quinze ans par un actuel ministre de Nétanyahou.
Selon l’ancien ambassadeur Yves Aubin de la Messuzière, spécialiste du monde arabe, Emmanuel Macron, qui entend tout décider seul, adopte avec la question du Proche-Orient une posture « jupitérienne ». Au prix du discrédit international de la France.
Coupable d’avoir permis au Qatar de financer le Hamas pendant qu’il refusait de négocier avec l’Autorité palestinienne, développait la colonisation et tentait d’échapper à ses procès, le premier ministre israélien va devoir rendre des comptes. Avant même la fin de la guerre ?
La bande de Gaza héberge actuellement deux groupes d’otages : ceux qui ont été capturés par le Hamas lors de son attaque du 7 octobre et les habitants palestiniens de l’enclave, boucliers des islamistes et cibles de la vengeance aveugle d’Israël.
Où étaient les soldats pendant que des centaines d’Israéliens étaient massacrés près de Gaza ? En Cisjordanie, pour protéger les colons qui constituent le cœur de l’électorat et de la coalition gouvernementale du premier ministre israélien. Lorsque l’union nationale imposée par la guerre sera finie, cette réalité risque de coûter très cher à Nétanyahou.
Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie lancent une offensive surprise qui déstabilise l’État juif avant de se solder par la victoire des militaires israéliens. Un demi-siècle plus tard, cette frayeur n’a pas encouragé Nétanyahou et ses alliés à privilégier des relations apaisées avec ses voisins.
Alors que la Cour suprême s’apprête à statuer sur les pétitions hostiles à la réforme autoritaire voulue par le gouvernement, la situation de Nétanyahou est de plus en plus intenable. Des officiers et directeurs de services de sécurité dénoncent « les racistes fascistes aujourd’hui au pouvoir ».
Depuis plusieurs années, le ministère de l’intérieur refusait à deux Syriens exilés en Turquie les visas nécessaires pour rejoindre leur famille, réfugiée légalement en France. Mais les services de Darmanin ont dû s’incliner devant le rappel à la loi d’un magistrat nantais. Et les deux Syriens sont arrivés samedi en France.
Pour sauver son pouvoir, fondé sur le mensonge, le racisme, le mépris du droit, la violence, la corruption, Nétanyahou s’est allié aux religieux et aux colons les plus fanatiques. Ruinant les derniers espoirs d’un dialogue avec les Palestiniens.
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Le fondateur du Nouvel Observateur est mort le19 février. J’y ai travaillé pendant plus de 45 ans et présidé près de 10 ans sa Société des rédacteurs. Assez longtemps pour oser ajouter un témoignage personnel aux hommages qui ont suivi sa disparition, la semaine dernière, à l’âge de 99 ans.
Malgré les démarches d’Emmanuel Macron et du ministère des affaires étrangères, le gouvernement israélien vient de prolonger de trois mois la détention administrative, sans procès ni charge, du jeune avocat franco-palestinien qui a déjà passé dix mois dans une prison israélienne.
L’avocate israélo-allemande Felicia Langer, qui vient de mourir à Tubingen, en Allemagne, à l’âge de 87 ans, victime d’un cancer, était une combattante de la justice et du droit, qui avait consacré la majeure parie de sa carrière professionnelle à la défense des Palestiniens.
L’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient (IReMMO) organise lundi 27 novembre, au Palais du Luxembourg un colloque international destiné à faire le point sur le conflit israélo-palestinien et à examiner les moyens, pour la France de contribuer à une reprise effective du processus de paix, à l’agonie depuis 2014.