Connue surtout pour ses grands poèmes testimoniaux (Témoignage, Holocauste…), l’œuvre de Charles Reznikoff (1894-1976) a pu passer pour une anomalie, son dessein antilyrique échappant pour une grande part à l’histoire de la poésie. L’édition récente de deux de ses livres de poèmes majeurs (inédits en français) donne la mesure de ce vœu de pauvreté volontaire qui est au cœur de la démarche du poète américain.
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«Une«Une poésie humaine pour les êtres humains » qui « dans un autre âge ou une autre société aurait sûrement été appelée “populaire” », a finement fait valoir Denise Levertov à propos de Charles Reznikoff, en se remémorant avec quel élan spontané, naturel, les passagers du métro new-yorkais se pressaient contre ses épaules pour lire l’auteur de By the Waters of Manhattan. Tout circonstanciels qu’ils soient, ces mots de Levertov introduisent parfaitement à l’œuvre de ce fils de Juifs russes contraints de fuir les pogroms déclenchés par l’assassinat, en 1881, du tsar Alexandre II.