Dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012 et dans le contexte de la crise historique européenne, Edwy Plenel publie une série d'analyses sur la situation politique française, inspirées par les événements et les rebondissements qui l'auront marquée. Intitulée « Où va la France ? », elle s'est déclinée en plusieurs épisodes jusqu'aux lendemains des élections législatives et au début de la session parlementaire extraordinaire. Le premier tour de l'élection présidentielle a eu lieu le dimanche 22 avril et le second le dimanche 6 mai. Et le nouveau quinquennat a commencé le 15 mai. Quant aux élections législatives, elles se sont tenues les dimanche 10 et 17 juin.
Lançant sa campagne présidentielle au Bourget, le 22 janvier, François Hollande promettait de commencer « par le rêve ». Deux mois après son installation à l’Elysée, le 15 mai, c’est l’évocation de ce « rêve français » qui semble tenir d’un éphémère rêve électoral.
Il est temps de regarder l’histoire en face et de réconcilier les mémoires. C’est en retrouvant avec lucidité sa part algérienne que la France retrouvera le chemin du monde dans une fraternité réinventée.
L’affaire Trierweiler n’est pas anecdotique mais politique : elle témoigne de la privatisation de l’espace public qui accompagne la publicisation du privé. Nous n’avons pas élu un couple, mais un président qui doit rétablir la frontière entre fonctions publiques et vies privées. Sauf à poursuivre un sarkozysme sans Sarkozy, avec ses conflits d’intérêts et ses mélanges des genres. Et à connaître le même désaveu.
S’il faut une énième preuve des déséquilibres démocratiques du présidentialisme français et des renoncements auxquels ils nous ont habitués, l’actuelle campagne électorale législative nous la fournit. L’enjeu des scrutins des 10 et 17 juin est réduit à la confirmation parlementaire de la victoire du président élu, François Hollande. Plutôt qu’une majorité présidentielle dominée par le PS, c’est une majorité du changement, pluraliste et diverse, qui garantira son approfondissement par le rééquilibrage du pouvoir. Parti pris.
Des lecteurs se sont étonnés de nos révélations récentes ayant mis dans l’embarras le Parti socialiste et certains de ses élus. Ils vont devoir s’étonner souvent tant Mediapart sera, sous la gauche au pouvoir, ce qu’il fut sous la droite : un journal d’information, indépendant et participatif, assumant sa fonction de contre-pouvoir démocratique. L’inverse serait trahir votre confiance.
En Grèce se joue l’avenir commun des peuples européens : celui de nos économies et celui de nos démocraties. Si la solidarité avec le peuple grec s’impose, c’est parce qu’elle est la condition préalable d’un changement véritable. La guerre d’Espagne fut l’épreuve européenne du Front populaire, la crise grecque est celle de la présidence Hollande.
La France tourne la page Nicolas Sarkozy, et c’est heureux. Mais la victoire de François Hollande est fragile parce que courte. Elle est surtout provisoire tant que la gauche ne sera pas assurée d’une majorité parlementaire. C’est pourquoi le temps est déjà compté : il faut agir vite et nettement, afin de créer cette dynamique démocratique et sociale sans laquelle le changement ne peut susciter l’adhésion et la confiance.
21 avril 2002–22 avril 2012 : l’indolence de Chirac puis la virulence de Sarkozy ont alourdi l’hypothèque de l’extrême droite sur la vie publique. Que la progression du FN soit à porter au débit de la droite, c’est l’évidence. Mais que la gauche ne saurait s’en satisfaire en est une autre. Le défi est d’autant plus immense : relever la France d’une déchéance annoncée, en refondant la République.
L’incarcération de l’ex-chargé d’affaires de la très fortunée Liliane Bettencourt a brusquement souligné l’enjeu vital d’une réélection pour Nicolas Sarkozy : échapper aux juges grâce à l’immunité judiciaire du président de la République. Jamais un président sortant, dès son premier mandat, n’a été cerné par autant d’affaires dont l’argent est le seul ressort, entre financement politique et enrichissement personnel. Inventaire en forme d’alerte civique.
L’affaire Mohamed Merah est un fiasco pour le pouvoir en place. Fiasco de sa politique sécuritaire, comme de sa politique tout court : la première, impuissante à prévenir la dérive d’un déséquilibré connu de ses services policiers, la seconde incapable de mobiliser les alertes des diverses administrations qui l’avaient croisé. Plus essentiellement, c’est un fiasco de cette politique de la peur qui distingue le sarkozysme, dont la virulence angoissante masque la profonde inefficacité.
Une haine meurtrière défie la France, sa République et sa campagne présidentielle. Précédée des meurtres de militaires à Toulouse et Montauban auxquels elle serait reliée, la tuerie antisémite de Toulouse est peut-être l’œuvre d’un fou. Mais, dans ce cas, sa folie est d’époque. D’une époque où l’on s’habitue à diviser l’humanité plutôt qu’à la rassembler.
Au soir du 6 mai, nous saurons si c’en est bien fini de cette présidence de dégradation nationale. Mais il ne suffira pas de tourner la page Sarkozy pour se débarrasser de tout ce qu’il laissera en héritage. Saurons-nous relever la France du marécage où elle est embourbée ? Saurons-nous saisir cette occasion historique : transformer une alternance électorale en alternative démocratique ?
« Toutes les civilisations ne se valent pas », a donc déclaré le ministre Claude Guéant, évoquant des civilisations « supérieures » à d’autres. Un député lui a répondu que c’était « une injure faite à l’homme », sur le fumier de laquelle avaient poussé ces « idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration ». Ce député, Serge Letchimy, a sauvé notre honneur. Parti pris.
Avec Finissons-en !, qui sort cette semaine aux éditions Don Quichotte, Mediapart achève l'inventaire du bilan de la présidence Sarkozy commencé avec un premier tome, N'oubliez pas !, paru il y a deux ans. Manuels civiques, ces deux ouvrages donnent la mesure de la dégradation française depuis 2007, aussi bien sociale que démocratique, morale qu'internationale. En avant-première, voici son introduction qui fixe les enjeux de l'élection présidentielle.
Définitivement condamné pour le « casse du siècle » (l’escroquerie aux quotas carbone) ainsi que pour l’enlèvement et la séquestration d’un financier, l'ancien golden boy Arnaud Mimran est aujourd'hui soupçonné d’avoir commandité trois homicides. Ce qu’il dément. Sa cellule, au centre pénitentiaire…
Mardi 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, est tué par des policiers lors d’un contrôle. Les nuits suivantes, le quartier Pablo-Picasso de Nanterre, où il vivait, s’embrase et le mouvement s’étend à toute la France. Après quatre nuits d’une violence sans précédent, le calme revient. Mais personne à Nanterre…
Mediapart vous invite en cette année 2023 à un voyage dans l’année 1973 pour en (re)découvrir les moments plus ou moins connus et mieux comprendre les évolutions du dernier demi-siècle. Des analyses, des récits, des interviews exploreront cette année du choc pétrolier, et de bien d’autres événements,…