Finance

AIG : la vengeance de Maurice “Hank” Greenberg

Entre 1919 et 2005, AIG, le premier assureur mondial, avait eu deux patrons. Martin Sullivan, débarqué dimanche par le conseil d'administration, aura tenu trois ans seulement, victime de la crise des "subprime" et de la vengeance de Maurice "Hank" Greenberg, qui avait dû lui céder la place en 2005, après un règne de presque quarante ans.

Philippe Riès

Pas de dimanche pour les conseils d'administration des grandes institutions financières américaines : celui de AIG (American International Group), le premier assureur mondial, s'est réuni le 15 juin pour décider, en son absence, de débarquer le directeur général du groupe Martin Sullivan. C'est le président du conseil d'administration, Robert Willumstad, qui le remplace. Contrairement à Sullivan, qui était entré chez AIG au bas de l'échelle en 1970 à Londres, Willumstad vient de la banque, notamment Citigroup.
La chute de Sullivan peut apparaître comme une revanche pour le légendaire Maurice «Hank» Greenberg, 83 ans, qui n'avait jamais accepté que celui qui était pourtant son successeur désigné lui ait ravi prématurément son fauteuil en 2005, à la suite déjà d'une révolution de palais orchestrée par les administrateurs.
Dans un feuilleton à rebondissement qui fait irrésistiblement penser au Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, Greenberg, à la tête d'AIG pendant près de quarante ans, avait déjà eu la satisfaction d'assister à la chute infamante d'Eliot Spitzer. L'ancien avocat général (ministre de la justice) de l'Etat de New York avait provoqué son départ en lançant une série de procédures judiciaires contre l'assureur, accusé de malversations comptables. Elu gouverneur de l'Etat de New York sur son image de «M. Propre» de Wall Street, Spitzer a démissionné en mars dernier à la suite d'un scandale sexuel.
Martin Sullivan avait négocié en 2006 avec les autorités un règlement de 1,64 milliard de dollars pour mettre fin aux poursuites et procédé à une révision des comptes du groupe entre 2000 et 2005, avec à la clef des pertes de 3,4 milliards. Hank Greenberg, qui reste un des gros actionnaires de AIG, a toujours affirmé que cette révision comptable n'était pas justifiée. Spitzer avait par ailleurs abandonné quatre des motifs de poursuite ayant contribué à la chute de Greenberg, la dernière procédure en cours étant en attente de jugement.

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