Deux ans après la hausse brutale des prix de l’énergie, l’inflation a contaminé des pans entiers de l’économie. Partout dans le monde, la hausse des prix a atteint des niveaux inconnus depuis plus de 30 ans. Bousculant les politiques et leurs croyances, et le porte-monnaie des ménages.
L’autorisation de la vente à perte pour les carburants pour une durée de six mois est présentée par le gouvernement comme une mesure de lutte contre l’inflation. C’est, en réalité, le signe d’une panique d’un exécutif sans solution face à la hausse des prix.
Alors que les prix des produits alimentaires demeurent élevés, nombre d’associations tentent d’aider les personnes à joindre les deux bouts. Reportage dans une épicerie solidaire dans une petite ville de l’Hérault, où faire un plein de courses revient deux à trois fois moins cher.
Les œufs sont l’un des produits dont le prix a le plus augmenté. Depuis les Pyrénées-Orientales, les petits producteurs racontent la galère face à la flambée du prix des céréales, nourriture principale pour les poules.
La hausse des prix a de nouveau accéléré en août, sous la pression des tarifs de l’énergie. Ce rebond vient encore réduire le niveau de vie des Français alors que les salaires peinent à suivre et que les profits grimpent. Pendant ce temps, le gouvernement s’agite, mais n’agit pas.
Les résultats des groupes du CAC 40 se révèlent à nouveau historiques : au premier semestre, ils ont enregistré près de 80 milliards d’euros de bénéfices. Tous ont opté pour la même stratégie : augmenter les prix et leurs marges au détriment des volumes. Mais cette ligne pourrait ne pas durer car la demande s’effondre.
Au printemps, les responsables occidentaux pensaient avoir tourné la page de la crise de l’énergie. Erreur. Alors que la consommation mondiale de pétrole n’a jamais été aussi élevée, les prix recommencent à s’emballer. Tous les scénarios d’endiguement de l’inflation, d’atterrissage en douceur des économies occidentales s’en trouvent menacés.
Industriels et distributeurs du secteur de l’alimentaire ont profité de l’inflation pour engranger des profits sur le dos des consommateurs. Et ce ne sont pas les dernières annonces du gouvernement qui vont changer structurellement la donne.
Avec retard, la Banque centrale européenne a admis que l’inflation était nourrie par l’augmentation inconsidérée des marges des entreprises. Sans en tirer les leçons : cette boucle prix-profits souligne en creux l’échec des politiques de concurrence, laissant aux groupes un pouvoir de marché exorbitant.
L’inflation a reculé en mai en France à 5,1 % sur un an. Mais le prix de cette baisse est une activité au ralenti, que prouvent les mauvais chiffres du premier trimestre du PIB. La demande est en berne et ce n’est pas fini.
Sacrifices, renoncements : comment adapter sa consommation alimentaire à l’inflation qui affecte les prix des denrées ? Touchées par la hausse des prix, les classes moyennes remplacent certains produits par d’autres tandis que les ménages les plus modestes se privent. Celles et ceux croisés dans les allées des rayons et sur les marchés racontent ce qui a changé dans leur consommation.
Alors que les prix de l’alimentation s’affolent, de plus en plus de Français modestes se résignent à voler dans les magasins pour se nourrir correctement ou de manière plus variée. Témoignages.
L’économiste Florence Jany-Catrice rappelle que l’inflation, notamment dans l’alimentation, fragilise en premier lieu les plus pauvres, qui « n’ont pas beaucoup de marges de manœuvre car leurs dépenses contraintes sont très élevées ».
La hausse des prix atteint son plus haut point depuis 1985 et le choc semble être là pour rester. Selon l’Insee, ce sont, sans surprise, les ménages les plus modestes qui sont les plus touchés et ont dû réduire leur consommation, notamment alimentaire.
Les prix de l’alimentaire ont explosé en un an. Cette hausse inédite fragilise les plus précaires en premier lieu. Mais pas seulement. Tout le monde doit élaborer des stratégies pour y faire face. Que ce soit les privations ou même le vol à l’étalage. Témoignages.
La Cour des comptes a, la semaine passée, lancé une « alerte » sur la dette publique qui a permis au gouvernement d’annoncer de nouvelles coupes budgétaires. Comme si l’inflation ne jouait aucun rôle dans la dynamique de la dette, alors que c’est un élément majeur.