L’irruption de l’inflation conduit les élites politiques à remobiliser les récits des années 1970. Mais cette crise est d’abord une crise profonde du capitalisme contemporain, de ses impasses et de sa gestion.
La croissance a stagné au premier trimestre et ne devrait pas faire beaucoup mieux au deuxième. La compression des revenus réels et l’indifférence quasi complète du gouvernement conduisent à une situation des plus préoccupantes. Toute l’économie se recroqueville.
La Fed a confirmé le relèvement de ses taux. Ces mouvements sont souvent le prélude à un gros temps économique. La preuve avec six épisodes clés de l’histoire de la banque centrale états-unienne.
Pour tenter de juguler l’inflation, au plus haut depuis trente ans, la Réserve fédérale a annoncé le 4 mai une hausse de ses taux directeurs et la fin de sa politique de soutien en réponse à la crise sanitaire. Mais en période de guerre et de ralentissement, face à une inflation importée provoquée par des pénuries, la Fed n’est-elle pas en train d’intervenir à contretemps avec les mauvais instruments financiers ?
Les revalorisations automatiques du Smic chamboulent les négociations salariales dans certaines branches, sommées de se mettre en conformité avec le salaire minimum. Dans le secteur des services à la personne, où tous les échelons sont sous le Smic, les discussions patinent.
Une économiste états-unienne, Isabella Weber, a rappelé combien le contrôle des prix était un outil efficace contre l’inflation et pour la stabilité sociale. Malgré la virulence de la réponse des économistes orthodoxes, la proposition ouvre des perspectives intéressantes.
L’émergence d’une inflation forte ne peut plus être seulement comprise comme un phénomène transitoire. Face à cette nouvelle donne, la plupart des programmes, surtout à droite, se concentrent sur des mesures ponctuelles, sans proposer de vision globale.
La « remise carburant » de 15 à 18 centimes s’appliquera dans les stations-service jusqu’en juillet. Pour les salariées du secteur des services à la personne, cette baisse reste très insuffisante. Leurs indemnités kilométriques sont faibles et les prix à la pompe amputent leurs maigres salaires. Beaucoup songeraient aujourd’hui à démissionner.
La guerre en Ukraine a remis à l’ordre du jour des pratiques qui semblaient révolues. L’Allemagne, l’Autriche et l’Espagne viennent d’adopter des mesures d’économies et de contingentement dans l’énergie ou l’alimentaire afin de limiter les risques de pénurie. La menace d’une inflation galopante s’accentue.
Pétrole, gaz, électricité… les prix des énergies en Europe explosent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les marchés paniquent. Et l’Europe commence à mesurer l’ampleur du piège russe dans lequel elle s’est laissé enfermer. Le choc économique qui s’annonce pourrait être de la même ampleur que celui de 1973.
Les appels à une politique économique de lutte contre la hausse des prix rappellent l’épisode de la récession de 1920-21, provoquée pour réprimer les attentes du monde du travail dans un contexte proche du nôtre. Un modèle qui pourrait inspirer dangereusement les décideurs économiques un siècle plus tard.
Face aux dérèglements climatiques, la capacité d’acheter des biens et des services est-elle encore un pouvoir ? Les pensées de la « subsistance » esquissent des pistes pour que le combat contre les inégalités et les violences du capitalisme ne se retourne pas contre le vivant.
Avec le retour de l’inflation, un spectre resurgit dans la sphère économique : la « boucle prix-salaires », qui serait synonyme de chaos. Mais ce récit ancré dans une lecture faussée des années 1970 passe à côté des enjeux et de la réalité.
En portant le taux du Livret A de 0,5 % à 1 %, Bruno Le Maire veut faire croire que la « protection des Français contre la hausse des prix est sa priorité absolue ». Mais c’est un mensonge : ce taux va spolier les petits épargnants de 7,5 milliards d’euros.
Alors que l’inflation bondit, les trois grandes banques occidentales tentent de sortir de leur politique monétaire accommodante et de retrouver leur rôle de gardiennes de la stabilité des prix. Leurs armes sont toutefois bien émoussées face à des hausses de prix provoquées par des dérèglements en chaîne des outils productifs mondiaux et la fin du rôle de la Chine comme usine du monde.
À moins de six mois de l’élection présidentielle, la question n’est pas au centre des débats. Pourtant, partout en France, des salariés se battent pour faire augmenter leur rémunération, qui reste trop souvent proche du Smic. Reportages en usine et en entreprise.