Les médias, dominés par une poignée de milliardaires, ne cessent de s’enfoncer dans une crise économique qui voit leur indépendance mise à mal. Censures, autocensures, pressions publicitaires, manipulations, collusions avec les responsables politiques : les responsabilités sont nombreuses et partagées.
Après quelque 150 projections-débats dans des cinémas partout en France, « Media Crash » est désormais disponible sur Mediapart, avec des bonus. Le film, primé au Figra 2023, a suscité l’inquiétude des dizaines de milliers de spectateurs qui l’ont déjà vu, face à la mainmise sur l’information de quelques propriétaires milliardaires, aux censures qu’il révèle et à la fin annoncée de la redevance.
Retrouvez vos échanges avec Valentine Oberti et Luc Hermann, les co-réalisateurs du documentaire, et Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart. Ce rendez-vous de Mediapart a été l’occasion pour les personnes qui n’ont pas pu assister aux séances-débats de poser leurs questions autour du film et du sujet de la concentration des médias.
Créée à l’initiative des socialistes, la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias vient de publier son rapport, qui ne contient aucune véritable mesure pour contenir les opérations de prédation ou d’instrumentalisation conduites par quelques milliardaires. Une formidable occasion gâchée.
Un fonds d’investissement portugais, Alpac Capital, est en passe de racheter la chaîne d’info européenne basée à Lyon. De Colombie en Hongrie, Mediacités a remonté la trace du futur actionnaire majoritaire, qui fait l’objet d’une surveillance particulière jusque dans les couloirs de Bercy.
Suppression de la redevance, remise au pas des rédactions, accélération des concentrations : Macron, la droite et l’extrême droite rivalisent de propositions pour démanteler l’audiovisuel public. Déjà mal en point, copiant les travers de la télévision trash, l’audiovisuel public aurait pourtant besoin du contraire : une véritable refondation !
Même si le tribunal a décidé que les salariés ne pouvaient être consultés que sur l’offre de reprise de son concurrent Rodolphe Saadé, le fondateur de Free viendra mercredi présenter son projet au journal. Le PDG estime que la venue du milliardaire va « violer une décision de justice ».
Notre documentaire « Media Crash » décrit un paysage audiovisuel dominé par une poignée de milliardaires, où censures, autocensures, pressions publicitaires, manipulations, instrumentalisation de la justice, barbouzeries sont légion. Les responsabilités sont nombreuses et partagées.
Le parquet de Bobigny est intervenu pour demander la nomination d’un second liquidateur pour le groupe Tapie, lequel a aussitôt fixé un nouveau cahier des charges pour la vente du journal, avantageant Xavier Niel sur son rival Rodolphe Saadé.
Des écoutes judiciaires montrent que Vincent Bolloré a été renseigné à l’avance par le communicant Ramzi Khiroun sur le contenu d’une enquête de France 2 en 2016. Au même moment, le milliardaire était secrètement conseillé par Nicolas Sarkozy pour sa communication de crise.
Après avoir cédé 49 % de ses parts en 2019 au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le banquier en cède à nouveau 49 % au patron de Free, qui devient l’actionnaire dominant du groupe de presse. En situation financière difficile, Matthieu Pigasse ne garde qu’une participation symbolique.
L’audition du patron de LVMH par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias s’est déroulée de manière aussi calamiteuse que celle de Vincent Bolloré. La plupart des dangers qui pèsent sur l’indépendance et l’honnêteté de la presse ont été passés sous silence.
Loin de bousculer Vincent Bolloré, la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias s’est montrée approximative et bavarde, mercredi, au lieu d’être rigoureuse et pugnace. L’homme d’affaires a pourtant tombé un peu le masque, laissant transparaître ses attaches nationalistes.
Un rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la mise en œuvre des droits voisins demande que les accords conclus avec certains médias « soient rendus publics ». La prédation des plateformes sur la presse approcherait un milliard d’euros.
Déjà croqués par une poignée de milliardaires, les principaux journaux nationaux et régionaux, et même l’AFP, ont passé des accords secrets avec Google et Facebook, faisant des deux plateformes des acteurs majeurs de la presse, ce qui est lourd de dangers pour la qualité de l’information.
Le tribunal de Paris a validé, vendredi 17 décembre, la convention signée entre LVMH et le parquet dans l’affaire Squarcini : le leader mondial du luxe accepte de payer une amende de 10 millions d’euros contre l’absence de poursuites. Au grand dam de l’une des victimes du groupe de Bernard Arnault, le député François Ruffin.
Le géant du luxe a signé dans la plus grande discrétion, mercredi, une convention judiciaire avec le parquet de Paris, acceptant de payer une amende négociée de 10 millions d’euros dans l’affaire des barbouzeries de Bernard Squarcini. Une audience de validation doit encore avoir lieu, vendredi, au tribunal.