Essai de Rennes (1/2): comment on a laissé mourir le volontaire 2508
Des zones d'ombre entourent encore l'essai clinique de Rennes, qui a tué un volontaire sain et provoqué des effets secondaires graves chez quatre autres. Mediapart révèle la chronologie accablante de l'accident, où les victimes ont été inutilement exposées. Premier article d'une enquête en deux volets.
DimancheDimanche 10 janvier 2016, vers 9 heures, au centre de recherches Biotrial de Rennes, le volontaire 2508 voit double. Guillaume Molinet, 49 ans, chanteur-compositeur, habitant de Guilliers, dans le Morbihan, était jusqu’ici en pleine forme et n’avait aucun problème visuel. Il fait partie d’un groupe de volontaires sains qui testent le BIA 10-2474, une molécule du laboratoire portugais Bial à visée analgésique. Dans la journée, ses troubles s’aggravent. Hospitalisé le soir aux urgences du CHU de Rennes avec des signes neurologiques inquiétants, il tombe dans le coma le lendemain. Il mourra une semaine plus tard, le 17 janvier, sans que l’hôpital n’ait rien pu tenter pour le sauver.