C’est l’avocat de la famille, Me Vincent Brengarth, qui l’annonce sur Twitter : « La justice fait droit à notre requête et réouvre l’information judiciaire concernant Myriam Sakhri, gendarme retrouvée morte dans sa caserne en 2011 alors qu’elle dénonçait sa hiérarchie. L’enquête s’était clôturée par un non-lieu en 2015. »
La gendarme Myriam Sakhri avait été retrouvée morte le 24 septembre 2011 chez elle, à la caserne de Lyon. L’enquête confiée par la justice à l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) avait alors conclu à un suicide « pour raisons personnelles », alors que Myriam Sakhri disait être victime de harcèlement de la part de sa hiérarchie et dénonçait le racisme de ses collègues au sein du CORG, le service des appels d’urgence de la gendarmerie.
« C’est une décision extrêmement rare de la justice qui est le fruit d’une mobilisation très active de la famille pour recueillir des éléments nouveaux et mettre en exergue les très graves dysfonctionnements de l’enquête. Plus de 5 ans après la clôture de l’enquête, un pas a été franchi vers la manifestation de la vérité dans un dossier dramatique », réagit Me Vincent Brengarth auprès de Mediapart.
Les éléments nouveaux sont ceux produits par les proches de Myriam Sakhri et leur avocat dans leur demande de réouverture : de nouveaux témoignages de gendarmes faisant état de pressions subies lors de leurs auditions pendant l’enquête classée sans suite, et des attestations décrivant le harcèlement et les propos racistes au sein du CORG. Éléments sur lesquels le tribunal de Lyon s’est appuyé pour prononcer la réouverture. « Aujourd’hui, les magistrats nous ont donné ce gage selon lequel ils ont pris en considération les nouveaux éléments que nous avons apportés. J’ai eu au téléphone des gendarmes qui attendaient la décision avec impatience. Je pense que ça va libérer la parole », se félicite Zineb Harzallah, juriste de formation et amie de la famille.
Une des sœurs de Myriam Sakhri, Nadhira Sakhri, reste toutefois prudente : « Je suis contente que les magistrats aient fait ce premier pas pour la manifestation de la vérité, mais je reste sur la réserve. Tout va dépendre de comment cette nouvelle enquête va se dérouler et avec qui. Nous souhaitons une enquête impartiale et en toute transparence. »
La réouverture de l’enquête devrait permettre d’étudier ces nouveaux éléments évoqués dans notre émission « À l’air libre » lundi 29 mars et que vous pouvez voir ou revoir ci-dessous.