S'il cherche un jour des recrues, Jean-Yves Le Drian n'aura plus qu'à piocher : depuis les attentats, les candidats à l'armée s'adressent directement à sa permanence rennaise. À chacun, l'équipe de Loïg Chesnais-Girard, le directeur de campagne, envoie « un courrier-type » pour expliquer que le local loué pour les régionales n'est « pas un bureau de recrutement de l’armée de terre ».
Bien sûr, le cas du ministre de la défense, en première ligne dans la « guerre » de l'exécutif contre l'État islamique et tête de liste socialiste aux régionales en Bretagne, est un cas à part : il est si précieux au chef de l'État qu'il a été autorisé à rester au gouvernement et, peut-être, à cumuler les deux fonctions s'il est élu – au mépris de la charte de déontologie des ministres. Mais l'anecdote en dit long sur l’étrangeté de la campagne des régionales qui s'ouvre, sous état d’urgence, alors que la France vient de vivre l'attentat le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale.
Malgré la tuerie, François Hollande n'a pas reporté le scrutin – premier tour le 6 décembre, second tour le 13. Lundi, à deux semaines du vote, la campagne officielle a commencé. La tête ailleurs, il a fallu relancer la machine, avec de gros doutes sur la capacité des citoyens à s'intéresser à des élections déjà traditionnellement boudées par les électeurs. Difficulté supplémentaire, le vote se joue cette fois dans de nouvelles super-régions, aux contours encore mal connus.
« C'est surréaliste, témoigne l'écologiste Sandrine Rousseau, tête de liste EELV-PG en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen est favorite. Les attentats nous ont sciés, on a tous été très affectés, et désormais, il faut se remettre en mouvement. Pas simple… » « Je ne suis pas sûre que les esprits soient à cette campagne », résume Isabelle Boudineau, vice-présidente socialiste de la région Aquitaine, candidate sur la liste d'Alain Rousset.
Dès le vendredi 13 novembre au soir, la campagne a été suspendue. Par tout le monde durant les trois jours de deuil national. Ensuite, cela a varié selon les candidats. En Île-de-France, le candidat PS Claude Bartolone, présent avec François Hollande dans la tribune présidentielle au Stade de France où trois kamikazes se sont fait exploser, a tout stoppé. Comme plusieurs socialistes (Le Drian en Bretagne, Rousset en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Delga en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon), le président de l'Assemblée nationale, qui espère garder la première région de France à gauche, ne redémarrera que le week-end prochain, avec une grande opération militante : marchés, tracts dans les boîtes aux lettres et porte-à-porte.
En revanche, plus question d’une trop grande proximité pour les équipes de Jean-Yves Le Drian. « C'est une forme de respect : les gens peuvent avoir peur d'inconnus qui frappent à leur porte », justifie Loïg Chesnais-Girard, son directeur de campagne. « Les gens le vivent mal, on veut être le moins intrusif possible », renchérit Isabelle Boudineau. Ce week-end, on lui a fait des remarques alors qu'elle distribuait des tracts dans les boîtes à lettres. « On m'a dit : "les régionales, quelle blague"… »
En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, la tête de la liste d'union de la droite, Virginie Calmels, s'est astreinte au silence pendant les trois jours de deuil national. « Aucune communication », explique l'ancienne patronne d'Endemol France, pro de la com' qui a tenu à éviter toute accusation de récupération. Comme la majorité des candidats, elle a repris les réunions publiques en milieu de semaine dernière. Tout comme le tête de liste de droite en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Philippe Richert : « Nous avons recommencé jeudi, car les élections sont dans quinze jours et bien souvent, les gens ne sont même pas au courant. » À l'opposé dans le paysage politique, le communiste Fabien Roussel (tête de liste dans le grand Nord) estime lui aussi qu'il n'y a pas lieu de changer de programme, « car c’est justement le besoin de république et de renforcement des services publics que les gens attendent. Notre discours prend tout son sens : sur la réduction de 12 millions d’euros du budget des pompiers, sur la fermeture de la douane de Saint-Aybert ou la dénonciation de la fermeture de nombreux commissariats… Tout ça est d’une cruelle actualité ».
Depuis, les réunions publiques ont repris peu à peu, parfois transformées en discussions entre les élus et la population, en questions-réponses, en « espace d'échanges et de dialogue » (Corinne Morel-Darleux, porte-parole EELV/PG en Auvergne/Rhône-Alpes), en « débats sur le terrorisme et la démocratie » (René Louail, tête de liste EELV en Bretagne), en « mille rencontres citoyennes » (Christophe Lantoine, directeur de campagne du PS dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie).
Pour tout le monde, le ton est forcément grave. « La campagne ne peut pas avoir le même visage », dit Luc Carvounas, le directeur de campagne de Claude Bartolone. Alain Rousset a supprimé la musique entraînante prévue pour ses meetings. Il n'est même plus certain d'avoir envie de son clip de campagne, trop gai. Son adversaire, Virginie Calmels, revendique la « sobriété ». En Normandie, les écologistes ont aussi décidé de baisser d’un ton. « On a modifié quelques-unes de nos actions, humoristiques ou revendicatives, car on les a jugé trop décalées par rapport au moment. Désormais, on essaie d’être dans le ton juste », explique Samia Chehab, directrice de campagne de Yannic Soubien (EELV).
Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse, candidate LR en Île-de-France, parle lui aussi de « gravité ». Sur l'agenda, il a même déplacé une réunion publique prévue à La Défense. « C'était un peu anxiogène. » Chez la socialiste Carole Delga, en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, on a choisi d’être le plus « solennel » possible. « Sur le fond et les enjeux régionaux, il ne faut pas se leurrer, la campagne est morte le 13 novembre, explique Clément Prunières, l’un des coordinateurs de campagne. On a recommencé ce lundi avec un grand rassemblement républicain à Carcassonne, en ne parlant que d’unité nationale. On maintient les deux grands meetings de Montpellier et Toulouse, mais il y aura moins de prises de parole, on fera une minute de silence avant et on chantera la Marseillaise après. »
Tout pour le FN ?
Dimanche 6 décembre, la plupart des Français iront aux urnes avec les attentats dans la tête. Difficile de parler comme si de rien n'était des trains régionaux, de l'économie ou des lycées, les compétences de la région. « La dimension nationale était déjà extrêmement prégnante, elle va l’être encore plus », explique Bruno Retailleau, tête de liste de la droite et du centre en Pays de la Loire. En porte-à-porte, Étienne Blanc, tête de liste de Laurent Wauquiez dans l'Ain, rencontre des gens branchés « sur BFM en boucle ».
« Il y a un sentiment légitime de peur et de méfiance : “on a tous été touchés”, “ça peut tous nous arriver”, explique Christophe Lantoine, le directeur de campagne du socialiste Pierre de Saintignon en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Mais il y a aussi une violence verbale accrue chez ceux qui étaient déjà très vindicatifs. » « Les gens sont très durs, confirme un ami de François Hollande. Ils nous disent "il faut nous débarrasser de tout cela : les mosquées, les musulmans, les islamistes. Il n'y a aucun tri, c’est très inquiétant. On sent un racisme effrayant. » « Le climat est très différent de janvier, observe Olivier Dartigolles, tête de liste Front de gauche dans la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. À l’époque, il y avait eu une grande mobilisation, on discutait de choix de société, de culture, de république, de quartiers populaires, d’être “Charlie” ou pas… Aujourd’hui, l’ambiance est avant tout marquée par les peurs et le repli. On est dans l'écoute, mais on note aussi les silences. »
En Auvergne-Rhône-Alpes, Corinne Morel-Darleux note une situation à front renversé : « On observe des peurs surprenantes, dans des milieux ruraux a priori éloignés des risques d’attentats, et beaucoup moins d’angoisse dans les grandes villes. » Dans l'Ain, le député LR (ex-UMP) Étienne Blanc voit « arriver de nouveaux discours de la part de notre électorat traditionnel, une sorte de franchise du langage ». Il dit : « L’électorat des jeunes est traumatisé, il ne nous entend plus. Ils ne se sentent plus concernés par ce qu’on leur dit. Certains veulent voter FN, pour faire l’expérience. »
Depuis les attentats, le Front national, échaudé par sa précipitation à récupérer les attentats de janvier, a respecté la période de deuil national. Mais ses leaders, comme Marion Maréchal-Le Pen (tête de liste en Provence-Alpes-Côtes d'Azur) ou Wallerand de Saint-Just (Île-de-France) se sont distingués par des propos d'une extrême violence contre les politiques, les intellectuels ou les musulmans. À Fréjus, ville dirigée par le Front national, la socialiste Elsa di Meo s'inquiète : « Dès le lendemain des attentats, le Front national a collé des affiches “Contre le péril islamiste, votez FN”, avec un drapeau de Daech. Ils jouent à fond le contexte, et ça marche, c'est effarant. On a franchi un cap, les gens se lâchent… »
La question est évidemment sur toutes les lèvres : la proximité des attentats va-t-elle faire prospérer le Front national dans les urnes ? Impossible à dire. Mais tous peuvent dire sans trop se mouiller qu'il s'en trouvera au minimum conforté. Lundi, un sondage plaçant Marion Maréchal-Le Pen dix points devant le candidat LR (ex-UMP) Christian Estrosi a été accueilli avec effroi par les autres états-majors politiques, même si le FN est fréquemment surévalué dans les enquêtes d'opinion. De quoi compliquer encore les nœuds dans la tête de Christophe Castaner, le candidat socialiste en PACA, annoncé troisième. « Elle progresse même quand elle ne dit rien ! Elle fait à peine campagne, elle vient une fois par semaine, il y a plein de médias, les journalistes l'appellent "Marion"…, soupire-t-il. Quand je l'attaque frontalement tout le monde s'en fout car la droite locale a complètement banalisé ses idées. De tout cela, elle fait son miel. »
Jointe, comme beaucoup des candidats interrogés, au téléphone entre deux événements de campagne, l'écologiste Sophie Camard, tête de liste EELV/Front de gauche en PACA, parle d'« un coup de fusil à deux coups ». « On a d'abord eu les attentats, puis ce sondage qui indique la possibilité d'une victoire du FN ici, dit-elle. C'est un électrochoc. J'espère que cela va provoquer une mobilisation en retour. » À l'autre bout du pays, une autre écologiste, Sandrine Rousseau, à la tête d'une liste EELV-PG, dénonce les propositions « crétines » du FN régional, qui propose, dit-elle, de fermer la frontière avec la Belgique à cause de la menace terroriste. « Cette frontière n'a jamais été fermée ! C'est bien la preuve qu'ils ne connaissent rien à la région… »
« Le FN surfe sur une ambiance nationale », s'inquiète la socialiste bordelaise Isabelle Boudineau. Avec une campagne qui n'a rien de régional, centrée sur l'immigration et la sécurité, il n'y a pas une ligne à changer à ses tracts de campagne. Ce n'est pas le cas de bien des autres candidats. À gauche, des socialistes, des écologistes ou des candidats Front de gauche ont tenté de faire modifier leurs professions de foi. Les socialistes souhaitaient insister sur le tournant sécuritaire de François Hollande, les autres voulaient qu'il soit rappelé que les documents avaient été imprimés avant les attentats. Certains voulaient faire de nouvelles photos, pour éviter des sourires "ultrabright" désormais malvenus.
Mais le ministère de l'intérieur n'a pas voulu reculer le délai : du coup, impossible de réimprimer ou de rajouter un petit mot d'explication. « L’état d’exception n’est visiblement pas pour les élections », déplore Guillaume Cros, directeur de campagne de Gérard Onesta (EELV/FdG en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon). « Chez nous, la profession de foi de Le Pen, avec son discours tout sécurité, risque d'être la seule à ne pas sembler hors sol », maugrée Christophe Lantoine (PS Nord-Pas-de-Calais-Picardie). Tracts, lettres citoyennes, tribunes, cartes de vœu, mailing : tout est bon pour rattraper le coup. En Auvergne-Rhône-Alpes, un scotch noir a été rajouté sur les affiches EELV-PG.
« Sécurité » or not « sécurité » ?
Les grosses écuries socialistes, elles, sont en train de diffuser massivement des lettres aux électeurs. Des courriers au ton très républicain, voire martial, en forme d'injonction à voter. « Voter prend ici le sens de notre résistance à la terreur, écrit par exemple le candidat socialiste en Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne. Voter, c’est leur dire que nous sommes libres. Voter, c’est leur dire que nous croyons en la République et en ses principes. »
À toute vitesse, pour coller au discours sécuritaire de François Hollande, les candidats socialistes ont renationalisé un scrutin qu'ils ne voulaient surtout pas voir pollué par les questions nationales il y a deux semaines encore. Dimanche, sur i-Télé, Jean-Yves Le Drian a donné le "la" : « Le scrutin est régional mais dans le contexte dans lequel nous vivons, l’acte politique de la participation massive de nos concitoyens à des élections démocratiques est une manière de combattre Daech. » Autrement dit : voter, c'est déjà riposter. Un discours repris par la quasi-totalité des candidats interrogés, visiblement tous d'accord pour ne pas reporter le scrutin.
« Dans une démocratie en danger, le premier acte est le vote citoyen », dit aussi Luc Carvounas en Île-de-France qui mise désormais beaucoup sur la stature nationale de Bartolone pour faire la différence sur le fil. « Bartolone, ce n'est pas n'importe qui, c'est le quatrième personnage de l'État dans un pays en guerre. » Même topo chez Carole Delga, dont on rappelle dans son équipe qu'elle a été ministre. Ou comment jouer sur la stabilité en période de crise.
En PACA, Christophe Castaner a dégainé une proposition d'un service national obligatoire avec encadrement militaire. « J'avais régionalisé au maximum avant les attentats. Désormais, mes discours, c'est "Plus de République, plus de nation, plus de valeurs". » Carole Delga, fidèle "hollandaise", fait désormais campagne sur la « sécurité au quotidien » et célèbre « l'unité nationale ». « Notre programme est devenu tout ce que la région peut faire pour être utile et accompagner l’action de François Hollande, dit son conseiller Clément Prunières. On veut être en phase avec le président, Carole a voté l’état d’urgence, mais sans dire n’importe quoi et en restant dans nos compétences. La sécurité dans les trains et les lycées, la formation, l’éducation… Il n’est pas question de tomber pour autant dans les surenchères démagogiques et sécuritaires. » Elle a d'ailleurs discrètement modifié son slogan de campagne. Le « Pour une région forte, créative et solidaire » est devenu « Une région forte dans une République forte ».
Il y a dix jours encore, le PS dénonçait les « mauvais coups de la droite », avec une affiche où l'on voyait un homme tenir un maillet dans son dos. Elle a été retirée. Le PS choisit désormais de dénoncer les surenchères sécuritaires de la droite comme des accrocs à l'unité nationale. « Bien sûr, on va parler de sécurité. Mais la position de Saintignon est connue : l’humanité, ou l’accueil des migrants, dit Christophe Lantoine (PS Nord-Pas-de-Calais-Picardie). On ne va pas entrer dans une course mortifère avec Xavier Bertrand qui sera toujours plus fort que Saintignon pour raconter n’importe quoi. » « Wauquiez agite les peurs, nous, nous parlons de vivre-ensemble avec un homme d'État qui a été ministre de l'intérieur de Lionel Jospin », explique Jérôme Safar, directeur de campagne de Jean-Jack Queyranne (PS Auvergne-Rhône-Alpes). Un proche de François Hollande espère que ce virage stratégique aidera à « mobiliser notre camp ». Mais il n'en attend pas non plus de miracles. « François Hollande sait très bien que c’est la dernière gifle qu’il va prendre », dit-il.
Depuis l'Ain, Étienne Blanc, le proche de Wauquiez, ne s'attend pas au « sursaut républicain » en faveur du PS. « Je ne pense pas qu’il y aura une forte mobilisation car il y a une énorme crise de confiance vis-à-vis du PS. » Lui salue le durcissement de son candidat, qui évolue désormais à droite toute, sur les plates-bandes du Front national : « Il y a des choses qu’on ne voulait pas aborder avant, de peur d’être accusés de faire la course au FN. Aujourd’hui je me sens désinhibé. » Le directeur de campagne de Valérie Pécresse, Patrick Stefanini, assume d'avoir rajouté « un volet terrorisme » à son programme en y intégrant des propositions qui ne concernent pas la région, comme le suivi des personnes qui font l'objet d'une fiche "S". Depuis les attentats, la candidate LR en Île-de-France s'est fait remarquer avec une saillie assimilant les fraudeurs du métro aux terroristes. Une remarque « indigne dans les circonstances actuelles », selon Luc Carvounas, qui dirige la campagne de Bartolone.
Dans l'opposition, des élus plus modérés comme Philippe Richert ne seraient toutefois pas surpris d'un sursaut de mobilisation qui pourrait grignoter à droite. « L'essentiel est de rester fidèle à nos valeurs », dit-il. Pas question pour lui de tout ramener sur le terrain sécuritaire. « Nous continuons à faire campagne de façon raisonnable, sur la mobilité, l’économie, l’emploi, la formation, les compétences de la région, dit-il. Hormis la question de la surveillance des établissements scolaires, la sécurité reste d’abord un sujet de l’État. »
Dans les Pays de la Loire, le candidat LR Bruno Retailleau insiste sur les propositions qui figuraient déjà à son programme : « vidéo-protection dans les lycées et les transports, formation des proviseurs de lycées face à la radicalisation, mais aussi résorption de la fracture civique et importance du bénévolat ». « Il faut avoir une forme de cohérence, dit Virginie Calmels, la candidate de l'opposition en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Mon projet intégrait déjà la question de la sécurité dans les transports, avec des portiques et des vidéosurveillances dans les gares. Je ne peux pas aller plus loin avec les moyens de la région. » Non encartée, nouvelle en politique, l'adjointe à la mairie de Bordeaux continue de penser que sa personnalité et son programme économique de droite libérale sont ses meilleurs atouts, malgré les attentats.
Pendant ce temps, à gauche de la gauche, PG, Front de gauche et écologistes, ensemble ou à part, naviguent à contre-courant. Alors que les principales têtes de liste squattent les plateaux télés, ils tentent d'« éveiller les consciences » en plein état d'urgence, comme l'explique Olivier Dartigolles, la tête de liste Front de gauche en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. « Dans le contexte actuel, et encore plus après les attentats, nous proposons aux électeurs un projet d’espoir et d’ouverture au monde », affirme aussi Guillaume Cros (EELV/FdG Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon). « La peur existe, mais il en faut en sortir avec un message d'espoir et plus de démocratie », plaide l'écologiste breton René Louail.
« J'appréhendais beaucoup la reprise de la campagne, témoigne Sandrine Rousseau, tête de liste EELV-PG en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Mais ce que je vois depuis quelques jours, c'est une belle mobilisation, comme un sursaut vital, pour d'autres modèles de développement, pour ne pas se laisser avaler par l'état d'urgence et le climat sécuritaire. » Ce mercredi, le groupe les Fatals Picards a maintenu son concert prévu en marge du meeting lillois de Sandrine Rousseau. « Ils nous ont dit : on joue pour résister. » Vendredi 13 novembre dernier, leur “régisseuse son” a été tuée au Bataclan.