Le pavillon 38, c'est le passage obligé des nouveaux internés de l'unité pour malades difficiles (UMD) de Villejuif. Le sas d'accueil de tous ceux qui, un jour, échouent dans ce service ultra sécurisé, parce que l'hôpital psychiatrique ou la prison ne veut plus d'eux. Le «pavillon des oubliés», dénoncé par les Bérurier noir au milieu des années punk. «Pire que la prison», disent certains détenus, impatients de retourner en cellule pour disposer de leurs affaires personnelles, faire du sport ou regarder la télé quand ils le souhaitent. Pour les personnes déniant leur maladie, la prise de médicaments quatre fois par jour relève du supplice, tant l'effet des neuroleptiques et des antidépresseurs est puissant. «Un havre de paix», pour d'autres, débarqués à Henri-Colin après des semaines et des semaines d'isolement sordide dans des hôpitaux psychiatriques débordés par le manque de personnel.
La tête dans les murs (2/4) Enquête
Dans l'enfer du pavillon 38 de l'hôpital de Villejuif
Le pavillon 38 est le passage obligé des nouveaux internés de l'unité pour malades difficiles (UMD) de Villejuif. Qu'ils viennent de prison ou d'hôpital psychiatrique, les patients, considérés comme dangereux, échouent dans ce service ultra sécurisé. Les quatre traitements quotidiens les assomment au point de leur donner l'allure de mort-vivants. Les camisoles sont accrochées dans les couloirs. Les chambres carrelées sont impersonnelles, le mobilier arrimé au sol. Les fous enfermés ici n'ont aucun espace de liberté ni d'autonomie. Livrés à eux-mêmes, les infirmiers édictent les règles. Selon plusieurs témoins, une «loi de l'omerta» s'est imposée dans le pavillon 38 pour étouffer violences et pratiques d'un autre âge.
27 mai 2009 à 08h37