Dans sa matinale, France 2 affirme à tort que l’analyse du son de la vidéo montrant un policier tirer sur Nahel réalisée par l’IGPN dément le témoignage des passagers. En réalité, l’analyse est toujours en cours selon une source au ministère de l’intérieur.
Dans plusieurs villes, des militants d’extrême droite sont descendus par dizaines dans les rues. Masqués ou cagoulés, parfois armés de battes, ils ont crié des slogans racistes. À Lorient, ils ont interpellé des émeutiers qu’ils ont ensuite remis à des policiers.
Jean Messiha, qui a successivement conseillé Marine Le Pen et Éric Zemmour, a lancé une cagnotte pour soutenir le policier mis en examen pour le meurtre de Nahel, estimant qu’il avait « fait son travail ». Le chroniqueur de CNews s’est vanté que la collecte, qui atteint près de 860 000 euros, dépasse celle ouverte pour la mère du jeune homme tué.
Dans cette ville de Seine-Saint-Denis, la révolte d’une partie de la jeunesse n’a trouvé comme réponse que les gaz lacrymogènes. Sur le terrain, les élus locaux désertent et les acteurs associatifs désespèrent. Depuis l’élection d’une maire UDI, en 2020, le lien semble s’être coupé entre les pouvoirs publics locaux et les quartiers populaires.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le domicile de Vincent Jeanbrun, porte-parole des Républicains, a été visé par une voiture-bélier en feu. Son épouse et l’un de leurs enfants sont hospitalisés. Une enquête pour tentative d’assassinat a été ouverte.
À Mantes-la-Jolie, dans le quartier du Val Fourré, des bâtiments publics et des commerces ont été brûlés ou cambriolés après la mort de Nahel. Dans un même souffle, les habitants condamnent et comprennent. Car tous ont vécu, souvent de très près, des violences et incivilités policières au cours des dernières décennies.
Au moment de l’adoption, sous pression des policiers, de la loi de 2017 modifiant les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Défenseur des droits et la société civile avaient alerté sur l’inévitable explosion du nombre de victimes à venir.
Tandis que quelque 45 000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés en France, les affrontements ont été bien moins nombreux dans la nuit de samedi à dimanche, même si la situation est restée tendue à Marseille. Les dernières nouvelles.
Vendredi soir, l’arrêt des transports en commun et les différentes mesures mises en œuvre par les autorités n’ont pas eu raison des protestations dans le centre de Marseille, en écho à la mort d’un jeune de 17 ans, tué par un policier mardi en région parisienne. Les rues commerçantes autour de la Canebière ont été le théâtre de scènes de pillage.
Tirs de mortier, incendies de poubelles, télévisions volées : à Nanterre, des peines de prison avec mandat de dépôt ont presque systématiquement été requises contre les jeunes arrêtés lors des émeutes ayant suivi le meurtre du jeune Nahel par un policier. Aux juges de s’y retrouver, dans l’urgence.
Mediapart a suivi jour et nuit les éducateurs de rue de Tourcoing (Nord), la ville de Gérald Darmanin. Alors que les quartiers s’enflamment, ces professionnels de la prévention spécialisée, à la peine dans l’espace public, tentent de s’approprier une des armes de la révolte, les réseaux sociaux. Avec difficulté.
Des violences ont éclaté pour la quatrième nuit consécutive en France en protestation contre la mort de Nahel d'un tir policier. 1 311 personnes ont été interpellées a annoncé le ministère de l'Intérieur, qui note des violences d'une « moindre intensité », mais des poches de tensions à Marseille et Lyon. Les obsèques du jeune homme se tiendront ce samedi.
Les tensions qui secouent l’Hexagone se sont propagées dans la nuit de jeudi à vendredi en Guyane. Un fonctionnaire territorial de 50 ans est décédé cité Stanislas, à Cayenne, victime d’une balle perdue tirée par les émeutiers, selon les autorités. Même si plusieurs habitants du quartier affirment à notre partenaire Guyaweb que le coup de feu provenait des forces de l’ordre.
Dans une indifférence quasi générale, ce jeune Guinéen de 19 ans a été tué par un policier le 14 juin dernier alors qu’il partait travailler. Ses proches, qui ont déposé plainte, remettent en cause la version policière et demandent « justice pour lui et pour Nahel ».
Des scènes de pillage de magasins se sont déroulées dans des villes de France depuis jeudi, en réaction à la mort de Nahel. Simple banditisme en marge du soulèvement ? Ces pillages ont-ils en eux-mêmes une dimension politique ? Tentative de réponse, depuis l’analyse de précédents en Argentine (2001), au Burkina Faso (2008) ou à Londres (2011).
Des dizaines de commerces à Montreuil, surtout dans le centre-ville, ont été la cible de pillages la nuit passée, ce qui provoque des sentiments mitigés chez les habitants dans cette ville de gauche connue pour sa grande mixité sociale.