Le sociologue Michel Kokoreff, professeur des universités à Paris VIII, spécialiste des quartiers populaires et de leurs relations avec la police, analyse les révoltes consécutives à la mort de Nahel. Pour lui, rien ne s’est vraiment amélioré entre 2005 et aujourd’hui.
En 2005, les émeutiers s’étaient retrouvés dans une solitude politique absolue. Près de vingt ans plus tard, la gauche n’a pas hésité à se solidariser, malgré des différences d’approche de l’embrasement. Analyse d’un basculement.
Après la mort de Nahel, 17 ans, victime d’un tir policier à bout portant mardi 27 juin, des émeutes ont éclaté pour la troisième nuit consécutive dans de très nombreuses villes. Dans la cité Pablo-Picasso de Nanterre, les affrontements ont commencé dès la fin de la marche blanche, et duré toute la nuit.
Couvre-feux, drones, interventions du Raid : l’État a déployé tous les moyens pour reprendre la main dans la nuit de jeudi à vendredi. Sans empêcher de nouveaux affrontements et des pillages. Plus de 660 interpellations ont été effectuées.
À Nanterre, plusieurs milliers de personnes se sont rejoints ce jeudi 29 juin pour rendre hommage au jeune Nahel, tué par la police deux jours plus tôt. Plutôt qu’une longue marche silencieuse, les manifestants ont crié leur rage, celle de voir encore l’un d’entre eux mourir face à un policier.
Ali Rabeh, maire de Trappes, et Amal Bentounsi, fondatrice du collectif Urgence, notre police assassine, reviennent dans « À l’air libre » sur la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, et les révoltes qui ont suivi dans de nombreuses villes de France.
Les nuits de colère dans les quartiers populaires remettent la question des violences policières à l’agenda de l’exécutif. Faute de réponses viables, le gouvernement se contente pour l’instant d’afficher sa compassion et d’exhiber sa fermeté.
Au terme de sa garde à vue, le brigadier Florian M., 38 ans, a été placé en détention provisoire. Une décision rarissime dans les affaires de violences mortelles.
Médiathèques, écoles ou centres sociaux ont été pris pour cibles dans la nuit du 28 au 29 juin dans différentes villes de France. À l’éternelle question de savoir pourquoi, les sciences sociales apportent des réponses de plus en plus précises depuis les émeutes de 2005.
Face aux émeutes qui secouent la France, élus locaux, responsables associatifs et militants des quartiers populaires partagent un même constat, partout sur le territoire : les services publics sont défaillants pour de plus en plus d’habitants, la police est trop souvent perçue comme hostile et raciste, et les solutions manquent.
L’ambulancier qui a pris à partie un policier après la mort de Nahel et son collègue qui l’a filmé étaient jugés jeudi en comparution immédiate. Reconnu coupable d’outrage, le trentenaire a été dispensé de peine, en raison du « contexte personnel » et « des liens affectifs » qui le liaient au jeune homme tué par un brigadier.
Dans une note consacrée aux réactions dans les « quartiers sensibles » après le meurtre de Nahel, le Renseignement territorial souligne les prétendus risques générés par de simples appels à manifester. Même les commentaires publics d’Omar Sy et de l’attaquant du PSG sont cités.
Tabassé en novembre 2020 par trois policiers alors qu’il rentrait dans son studio de musique parisien, le producteur Michel Zecler réagit, auprès de Mediapart, à la mort de Nahel sous le tir d’un policier.
Après la mort de Nahel, 17 ans, victime d’un tir policier à bout portant mardi 27 juin, des émeutes ont éclaté pour la deuxième nuit consécutive un peu partout en France. À Nanterre, où le mineur a été tué, les tensions restent vives. Emmanuel Macron a convoqué une cellule de crise jeudi matin.
Après la mort de Nahel à Nanterre, la colère a essaimé dans d’autres villes de France. À Clichy-sous-Bois, où le souvenir de Zyed Benna et Bouna Traoré reste vif, des heurts ont éclaté dans la soirée de mardi à mercredi. Reportage.
Il y a dix ans, l’écrivain-éducateur Joseph Ponthus et quatre jeunes hommes écrivaient un livre percutant sur le quotidien d’une cité de Nanterre. Nous en republions le compte-rendu, qui résonne avec la situation actuelle.