Interrogé les 13 et 14 juin dans l’affaire de la fausse rétractation de Ziad Takieddine, Nicolas Sarkozy a reconnu avoir reçu l’homme clé de l’affaire, Noël Dubus, à son domicile pour lui remettre des livres dédicacés. Mise en examen dans l’affaire, la communicante Michèle Marchand avait pourtant contesté l’épisode.
Après dix années d’enquête, les juges d’instruction considèrent qu’il existe aujourd’hui suffisamment de charges contre l’ancien chef de l’État pour qu’il soit jugé dans l’affaire des financements libyens. Un procès est également demandé à l’encontre de Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth. Du jamais-vu dans l’histoire politique et judiciaire française.
Un président de la République française est soupçonné d’avoir été acheté par un des pires dictateurs de la planète à la tête d’un État terroriste. Les deux journalistes de Mediapart qui ont révélé l’affaire en 2011 expliquent comment ils ont travaillé, ce qu’ils ont découvert, les obstacles et pressions qu’ils ont affrontés.
Pour tout comprendre de l’affaire libyenne, il faut remonter à 2011 et suivre le fil de nos révélations, faites de documents, d’entretiens et d’avancées issues de la procédure judiciaire, puisque depuis 2013, la justice dénoue les fils de cette affaire hors norme.
« L’avantage espéré consistait, pour Nicolas Sarkozy, à obtenir un soutien financier occulte à la campagne électorale de 2007 pour la présidence de la République. » Dans un réquisitoire long de 425 pages, le Parquet national financier (PNF) retrace une décennie d’investigations sur une tentaculaire affaire d’État.
Le Parquet national financier a demandé, dans un réquisitoire définitif signé le 10 mai, le renvoi devant le tribunal correctionnel de treize personnes, dont l’ancien président de la République et ses ex-ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth, dans l’affaire des financements libyens, révélée en 2011 par Mediapart.
Le Parquet national financier a élargi le champ de l’enquête, qui se rapproche de Nicolas Sarkozy. Une écoute entre l’ex-directeur de « Paris Match » et le milliardaire Arnaud Lagardère met par ailleurs en difficulté une proche de l’ex-président, la femme d’affaires Michèle Marchand.
Mediapart révèle les derniers développements judiciaires qui ont permis de mettre un terme à l’affaire Sarkozy-Kadhafi, après neuf ans d’enquête. Les mis en examen sont désormais dans l’attente d’un éventuel renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Une ancienne collaboratrice de Mouammar Kadhafi, Mabrouka Cherif, a confirmé aux juges la demande par Nicolas Sarkozy d’un soutien financier pour sa campagne présidentielle de 2007. Elle assure que le président français a renouvelé cette démarche, en 2010.
Les investigations ont permis aux magistrats et policiers de plonger au cœur de la raison d’État et de ses secrets, de pister son argent occulte et cerner ses compromissions. Mediapart fait le point sur les principales révélations d’une enquête judiciaire unique en son genre.
Homme de l’ombre de Nicolas Sarkozy depuis les années 1980, l’affairiste Thierry Gaubert avait laissé des traces explosives sur la Libye dans ses ordinateurs. Les preuves dormaient depuis onze ans dans les armoires de la police. Elles viennent de parler.
Un diplomate libyen en lien avec les services secrets français a été mis en examen pour « corruption de personnels judiciaires étrangers ». Il a reconnu avoir servi d’intermédiaire pour essayer d’obtenir la libération d’un des fils de l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi dans le but de servir les intérêts de Nicolas Sarkozy.
Des conversations retrouvées par un expert informatique montrent que Michèle Marchand a supervisé de bout en bout l’opération qui a conduit à la fausse rétractation de Ziad Takieddine dans l’affaire libyenne. Dans ces échanges, elle affirme aussi rendre compte en temps réel à Nicolas Sarkozy, surnommé « Zébulon ».
Selon des éléments obtenus par la justice française, l’ancien dignitaire Bachir Saleh a confirmé à des magistrats libyens que Nicolas Sarkozy avait personnellement sollicité auprès de Mouammar Kadhafi un financement de sa campagne présidentielle. Deux autres fonctionnaires du régime ont témoigné dans le même sens.
Entendue comme témoin le 1er juin dernier par la police, l’ex-femme de Nicolas Sarkozy n’a pas mâché ses mots à l’encontre de plusieurs membres du premier cercle de l’ancien président, comme Brice Hortefeux, Bernard Squarcini et Thierry Gaubert. Premier volet d’une série de révélations sur l’affaire libyenne.
Un ex-cadre dirigeant du groupe aéronautique a été mis examen pour « corruption », « association de malfaiteurs » et « blanchiment » dans l’affaire des financements libyens, après la découverte de fonds occultes versés à l’intermédiaire sarkozyste Alexandre Djouhri.