Le mandat que le président français et les autres promoteurs de l’intervention en Libye avaient reçu de l’ONU a eu pour résultats de plonger le pays dans le chaos et d'ouvrir ses arsenaux aux groupes djihadistes, qui déstabilisent aujourd’hui le Sahel. Emmanuel Macron, qui considère cette guerre comme une « lourde erreur », est-il prêt à en identifier les responsables ?
En parallèle de l’enquête judiciaire visant Nicolas Sarkozy, les parlementaires ont la possibilité de s’interroger sur la guerre menée en Libye en 2011. Comme leurs prédécesseurs, les députés de la nouvelle majorité font montre d’une grande réserve, voire d’une opposition, à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.
Ils ont assisté à la visite de Mouammar Kadhafi à Paris en décembre 2007, puis vu la France entrer en guerre contre sa dictature trois ans plus tard. Plusieurs d’entre eux étaient encore au gouvernement lorsque Mediapart a publié ses premières enquêtes sur l’affaire libyenne. Aujourd’hui, beaucoup d’anciens ministres de Nicolas Sarkozy tombent de haut. Et témoignent.
Mediapart révèle le contenu des auditions de Nicolas Sarkozy face aux policiers lors de sa garde à vue, les 20 et 21 mars. Nous dévoilons aussi l'ensemble de ses déclarations devant les trois juges qui l'ont mis en examen. L'ex-président y apparaît acculé, se défaussant sur ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux.
Lors de sa garde à vue, l’ancien président a été confronté aux « résultats préliminaires » de l’enquête ouverte par le bureau du procureur général de Libye. Celui-ci a annoncé « la volonté » de l’État libyen post-Kadhafi de se constituer partie civile, en France. Les dignitaires libyens interrogés chargent l'ancien président français.
L’ancien président de la République, mis en examen pour corruption, accumule les mensonges pour se défendre dans l’affaire libyenne. Faisant fi des très nombreuses autres pièces du dossier, il se focalise sur la note publiée par Mediapart en avril 2012, en maintenant qu’il s'agit d’un faux, alors que la justice lui a par deux fois donné tort. Nouveau rappel, à l’adresse de tous ceux qui pourraient se laisser berner.
Au 20 heures de TF1, comme dans sa déclaration aux juges, l’ancien président a multiplié les contrevérités : il n’aurait jamais favorisé les intérêts libyens, les accusations qui le visent seraient l’œuvre d’un clan (et toutes postérieures à la guerre), il ne serait pas lié à l’intermédiaire Ziad Takieddine, et le document publié par Mediapart serait « le comble de la manipulation ». Florilège.
La garde à vue de Nicolas Sarkozy a pris fin, mercredi 21 mars, autour de 17 h 30. Les juges se sont rendus dans la soirée à l’Office anticorruption de la police judiciaire, situé à Nanterre (Hauts-de-Seine), afin de notifier la mise en examen de l’ancien président français pour corruption passive, financement illicite de campagne électorale et recel de détournements de fonds publics libyens.
Depuis plus de six ans, le pouvoir politique a constamment détourné le regard du dossier, écartant même l’hypothèse d’une commission d’enquête parlementaire sur l'évolution des relations entre Paris et Tripoli et le déclenchement de la guerre de 2011.
L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy entame mercredi 21 mars son second jour de garde à vue à Nanterre, dans les locaux de l’Office anticorruption de la police judiciaire. L’ancien ministre de l’intérieur Brice Hortefeux a été entendu mardi sous le statut de « suspect libre ».
Pour tout comprendre de l’affaire libyenne, il faut remonter à 2011 et suivre le fil de nos révélations, faites de documents, d’entretiens et d’avancées issues de la procédure judiciaire, puisque depuis 2013, la justice dénoue les fils de cette affaire hors normes, dont le monde politique ne s'est jamais saisi.
Fabrice Arfi et Karl Laske, qui mènent depuis 2011 l’enquête sur l’affaire Sarkozy-Kadhafi, avaient adressé courant 2017, pour leur livre Avec les compliments du Guide (Fayard), soixante questions à Nicolas Sarkozy qui n’y avait pas répondu. Mediapart les publie en intégralité.
Le placement en garde à vue de l'ancien président Nicolas Sarkozy n'a suscité que de faibles réactions dans les rangs de la droite. Nadine Morano, bien seule sur le front, a raccroché au nez d'un journaliste puis diffusé un message accusant le juge Tournaire de « harcèlement ». Mais le parti s'est contenté d'un communiqué de trois phrases, que plusieurs cadres n'ont même pas relayé.
Omniprésent depuis quelques semaines, l’ancien chef de l’État, qui savait que l’étau judiciaire était en train de se resserrer autour de lui, laissait entendre qu’il pourrait bien, une nouvelle fois, « revenir » en politique...
L’intermédiaire proche de Nicolas Sarkozy, écroué à Londres, a sorti 4 millions d’euros en espèces entre 2006 et 2010, et acheté, en 2011, 475 000 euros de diamants. La perspective de son audition en France effraie dans les milieux politiques de droite qui l’ont protégé.
Grièvement blessé lors d’un attentat, vendredi 23 février à Johannesburg, l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi avait fait valoir son droit au silence, en 2017, en réponse aux juges français. Mais selon des proches, il envisageait depuis peu de transmettre des informations à la justice.
Directeur de la publication : Edwy Plenel
Direction éditoriale : Stéphane Alliès et Carine Fouteau
Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS).
Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007.
Actionnaires directs et indirects : Société pour l’Indépendance de Mediapart, Fonds pour une Presse Libre, Association pour le droit de savoir
Rédaction et administration : 127 avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris
Courriel : contact@mediapart.fr
Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08
Propriétaire, éditeur, imprimeur : Société Editrice de Mediapart
Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonnés de Mediapart peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr ou par courrier à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 11 place Charles de Gaulle 86000 Poitiers. Vous pouvez également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 127 avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris.