Europe Reportage

En prison à Bruxelles pour avoir voulu défier l’Otan

Le photographe Cyril Cavalié a suivi la mobilisation pacifiste d'un millier d'activistes (700 selon la police), qui ont tenté samedi de «fermer» le siège de l'Otan à Bruxelles, pour commémorer les cinq ans de la guerre en Irak. Interpellé avec 450 autres personnes, il a passé plus de sept heures entre les mains de la police belge, tout en parvenant à se servir de son appareil. Récit et photos.

Stéphane Alliès

Ils étaient entre 700 et 1.000 activistes altermondialistes à s'être réunis samedi à Bruxelles, pour mener à bien l'opération «Nato game over» («Otan, fin de partie»). Enjeu de la manifestation, annoncée publiquement au préalable: «sceller» symboliquement le siège de l'Otan à Bruxelles. Le photographe Cyril Cavalié a suivi l'opération, qui s'est terminée au poste (voir une vidéo sur le site de RTL Belgique). Si aucune arrestation judiciaire n'a été prononcée, la police belge a procédé à l'interpellation «administrative» de 450 personnes. Cyril Cavalié a vécu sept heures durant le contrôle policier et a pu utiliser son appareil. Il raconte.
«Après la réunion du matin dans un café de Bruxelles, où l'on nous a prévenu de se débarrasser de tout objet contondant, j'ai suivi un petit groupe qui avait prévu d'accéder au siège de l'Otan via un petit cimetière à proximité. C'est là où nous avons été interpellés vers midi, fouillés et menottés à l'aide de bracelets type Serflex. J'ai montré ma carte de presse, mais on m'a tout de même arrêté, tout en me laissant mon appareil autour du cou. Nous avons été mis dans un fourgon aux vitres opaques, où nous ont rejoints une soixantaine de personnes. J'ai réussi à défaire mes liens pour prendre des photos, tout en faisant gaffe, car juste avant un activiste s'était fait confisquer son appareil. Nous sommes restés trois heures dans le fourgon, d'abord sur place, puis stationné devant le palais de justice.
A 15h, on nous a fait entrer dans le tribunal. La prison du palais est assez impressionnante, sur cinq niveaux. Je me suis retrouvé dans une cellule de 3 m2 avec cinq autres personnes (un Parisien, un Bruxellois et trois Allemands de Leipzig). Dans un vacarme assourdissant, les quelque cinq cents détenus ont réclamé tout du long de pouvoir allé aux toilettes, pendant que la Brigade activistes des clowns mettait de l'animation. Je faisais très attention à ne pas photographier les gardiens à ce moment-là. Vers 19h30, tout le monde commençait à être libéré. J'ai dit à mes compagnons d'infortune: "On fait profil bas, on nettoie la cellule!", car je n'avais pas du tout envie que l'on me confisque mon appareil si près du but. J'ai rangé mon boîtier dans mon sac et mis mes deux cartes mémoire dans des poches différentes. Avant de sortir, on a tous défilé à la chaîne, pour se faire photographier, se faire photocopier nos pièces d'identité et signer un document attestant nos heures d'entrée et de sortie.»

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