Trieste (Italie), Kobarid (Slovénie), Rijeka (Croatie), envoyés spéciaux.- C’est un fleuve sauvage qui descend sur 130 kilomètres des Alpes juliennes pour se jeter dans la mer Adriatique, du côté de Monfalcone, près de Trieste. Il sépare deux pays, prenant sa source en Slovénie et terminant son cours en Italie, et porte deux noms : la Soča en slovène, l’Isonzo en italien. Aujourd’hui, il attire comme un aimant les kayakistes, les randonneurs et les amateurs de pêche sportive, mais son évocation fut longtemps maudite, dans l’une comme l’autre langue, pour le sang qu’il charria durant la Première Guerre mondiale.
1918, les frontières de sang de la nouvelle Europe (1/5) Reportage
Entre Autriche, Italie et monde slave, la frontière disputée
Le « Verdun » italien s’est joué à flanc de montagne, dans le décor grandiose de la vallée de l’Isonzo. 500 000 hommes y sont morts entre 1915 et 1917, mais la frontière se dérobe : elle a séparé l’Italie de l’empire d’Autriche-Hongrie, puis de la Yougoslavie et enfin de la Slovénie. Les revendications d’annexion se sont croisées tout au long du XXe siècle, laissant des minorités du « mauvais » côté de la frontière.
Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin
24 juillet 2018 à 08h02