Après le succès de la mobilisation du 7 mars, les cheminots de Tours et de Saint-Pierre-des-Corps tentent d’organiser leur grève sur le temps long. Et manifestent aussi contre une compagnie ferroviaire vidée de son sens.
La mobilisation a été massive mardi, partout en France. Dans beaucoup de villes des records ont été battus. Les syndicats annoncent 3,5 millions de manifestants, le ministère de l’intérieur 1,28 million. Des grèves sont d’ores et déjà reconduites dans plusieurs secteurs, notamment dans les transports et les raffineries.
Bloquer le pays, c’est la stratégie des syndicats contre le recul de l’âge de départ à la retraite. Une grève prolongée pourrait-elle mettre un coup d’arrêt à la destruction du monde ? Fermer une usine, une infrastructure, ou même une filière d’activité ne revient pas à prendre le deuil. C’est la préparation du monde qui vient.
La brutalité, l’entêtement et la désinvolture de l’exécutif exposent le pays à de grands dangers démocratiques. Seul un alliage entre démocratie politique et démocratie économique pourrait s’imposer comme alternative à la décomposition du système de la Ve République.
Alors que l’exécutif espère faire voter son texte par le Sénat avant la fin de la semaine, la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites devrait rassembler massivement. Les militants les plus résolus espèrent qu’elle sera le point de départ de grèves reconductibles dans plusieurs secteurs.
Deux articles du projet de réforme des retraites ont été votés dans le courant du week-end au Sénat. Si l’ambiance n’était pas aussi électrique qu’à l’Assemblée, l’opposition de gauche a bataillé à coup d’amendements et de débats à rallonge. La chambre haute a même évoqué son propre régime de retraites.
À l’aube d’une nouvelle semaine de mobilisation, Emmanuel Macron et ses soutiens tergiversent sur la stratégie à adopter. Soucieux de ne pas montrer de signes de faiblesse, l’exécutif est tenté de durcir son discours à l’égard des organisations syndicales, déjà accusées de blocage. Une stratégie périlleuse face à une rue déterminée.
Les dirigeants des huit syndicats de salariés avaient rendez-vous jeudi soir à La Ricamarie, ancien bastion ouvrier de la banlieue de Saint-Étienne. L’occasion d’afficher devant leurs militants une unité toujours aussi forte, et leur détermination à « mettre la France à l’arrêt » mardi.
Le texte, dont l’examen démarre jeudi au palais du Luxembourg, devrait être globalement soutenu par la droite, largement majoritaire. La gauche essaiera toutefois de se faire entendre dans le faux duel entre l’exécutif et le groupe Les Républicains.
Le contesté projet de réforme des retraites sera examiné à partir du 2 mars par les sénateurs. L’exécutif en appelle « au bon sens » en prônant de nécessaires économies. Or la première réforme des retraites de 2010 a coûté cher à l’assurance-chômage, du fait de la hausse du nombre de seniors sans emploi à indemniser.
Deux mois après la présentation du projet de réforme des retraites, le ministre du travail a reconnu que pas plus de 20 000 nouveaux retraités bénéficieront chaque année de la revalorisation des petites pensions. Le mythe d’une réforme de « justice sociale » s’effondre, laissant le gouvernement démuni.
Alors que le gouvernement prévoit de décaler l’âge de départ à la retraite, de nombreuses grandes entreprises continuent de faire la chasse aux seniors, à coups de plans de dispense d'activité. Elles les poussent vers la sortie jusqu’à quatre ans plus tôt. Exemple chez Renault, Stellantis, Orange et Michelin.
Loin d’être réductible à une accumulation de dérapages individuels, l’enlisement des débats sur la réforme des retraites a été guidé par une double volonté de la majorité et de La France insoumise, pour des raisons opposées, de dévoyer l’exercice parlementaire.
Après des discussions qui se sont éternisées dans l’hémicycle, empêchant l’examen du très symbolique article 7 sur la mesure d’âge, la Nupes ressort fragilisée des deux semaines de débats.
Une fédération bretonne de la Capeb, syndicat patronal du bâtiment, ont rompu les rangs et appelé à rejoindre la mobilisation contre la réforme des retraites. Certains de leurs adhérents ont même décidé de payer les jours de grève de leurs salariés.
Pour la cinquième journée de mobilisation, les dirigeants des huit syndicats s’étaient donné rendez-vous dans le Tarn. Manière de renouveler le récit médiatique et de contrer une affluence fatalement moins forte. Mais pas d’adoucir le propos face au gouvernement, au milieu d’une foule galvanisée par le défilé.
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