Le chef de l’État a préparé les esprits avant même d’être élu pour son second mandat : il entend bien réussir à faire aboutir une réforme des retraites en 2023. Il a abandonné ses premières ambitions de mettre sur pied une vaste réforme « systémique », et vise désormais à faire reculer l’âge de départ légal. Une mesure avant tout comptable.
Les syndicats, toujours unis, ont gagné mardi leur pari, après une première mobilisation déjà réussie le 19 janvier. D’après les chiffres du ministère de l’intérieur lui-même, le nombre de manifestants est inédit depuis trente ans. Le bras de fer se poursuivra le 7 février.
Près de 250 rassemblements sont organisés mardi à l’appel des syndicats pour contester le projet de réforme des retraites. Dans nombre de villes, les cortèges sont encore plus nourris que le 19 janvier. Récit des mobilisations, de Lannion à Montpellier, en passant par Marseille, Clermont-Ferrand, Charleville-Mézières, Annonay, Lille ou Paris.
L’article 1 du projet de loi « retraites » supprimant les régimes spéciaux a été adopté lors de la première journée d’examen en commission par la majorité. Le RN s’est abstenu. Dans une ambiance parfois survoltée, la Nupes a néanmoins réussi à imposer ses thèmes et son tempo.
La réforme voulue par Emmanuel Macron, la quatrième en vingt ans, ne fera aucun gagnant en faisant reculer l’âge de départ à la retraite. Les manifestants l’ont bien compris. L’obstination du pouvoir, prêt à passer en force, est porteuse d’un danger démocratique.
La cure de rigueur que l’exécutif compte appliquer à la fonction publique creusera significativement le déficit du système des retraites, dénonce un collectif d’agents publics. Sans cette politique d’austérité, le déficit pourrait être réduit de 30 % d’ici à 2030.
Alors que les opposants à la réforme des retraites se mettent bruyamment en ordre de bataille, les jeunes soutiens du président de la République restent discrets. Et révèlent une culture politique bien plus policée que leurs opposants.
Elles et ils sont âgé·es de 58 à 67 ans et travaillent toujours en tant qu’ouvrier, assistante sociale, conseillère Pôle Emploi, chauffeur de bus ou agente de l’administration. Elles et ils sont épuisé·es. Tou·tes sont opposés à la réforme des retraites et témoignent, par leur quotidien, de l’impossibilité de travailler jusqu’au grand âge. Mediapart leur donne la parole.
Déjà en proie à une mobilisation sociale qu’il n’imaginait pas si forte, le gouvernement se retrouve confronté aux critiques de plus en plus audibles de son propre camp. Les faux pas de communication viennent assombrir un peu plus l’horizon de l’exécutif. La semaine parlementaire et sociale qui s’ouvre pourrait lui être fatale.
En utilisant une méthode législative inédite pour faire passer sa réforme des retraites, le gouvernement innove en matière de détournement des droits du Parlement. S’il prend le risque de voir le Conseil constitutionnel retoquer certaines dispositions, ce risque reste mineur tant l’institution semble avoir oublié son rôle de contre-pouvoir.
Élus ultramarins et oppositions locales à la réforme des retraites dénoncent de futurs changements non pensés pour ces territoires, où les écarts de niveaux de vie avec les retraités de France métropolitaine sont déjà abyssaux.
Après la première grande manifestation contre la réforme des retraites le 19 janvier, les initiatives se multiplient partout pour marquer le désaccord avec le projet gouvernemental de recul de l’âge de départ. Syndicats et citoyens se relaient sur le terrain pour faire passer le message. Ce portfolio sera mis à jour au fil des actions.
Lors d’une réunion publique organisée par le député macroniste Benjamin Haddad dans un quartier cossu de l’ouest parisien, l’assistance a réservé un accueil plus sceptique qu’attendu à la réforme.
Après une mobilisation contre la réforme des retraites le 19 janvier dernier qui a été massivement suivie, le rapport de force semble pencher en faveur des opposants au projet de loi.
Quelles seraient les conséquences d’un recul de l’âge légal de départ à la retraite ? Pour l’économiste Philippe Askenazy, notre invité, la mesure est particulièrement inégalitaire car elle pèsera mécaniquement sur les travailleurs les plus pauvres.
Un quart des hommes et 13 % des femmes les plus pauvres meurent avant 62 ans, quand l’âge légal du départ à la retraite, si la loi passe, devrait être de 64 ans. Derrière ce chiffre, il y a des vies, des visages et des familles que Mediapart vous raconte.
Une semaine après l’évacuation par les forces de police d’une assemblée générale à l’université de Strasbourg, ce sont 29 étudiants du campus Condorcet près de Paris qui ont fini en garde à vue. La fébrilité quant à une possible conjonction des étudiants et des salariés contre la réforme des retraites pousse certains présidents d’université à faire appel à une aide policière très décriée.
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