S’il démissionne, le ministre de l'économie sort du champ et meurt à la politique. S’il reste, il est comptable de la déroute annoncée. Leader sans peuple, stratège sans armée, il se tient sur la crête d’un renoncement sans cesse différé, donnant sa démission tous les soirs, la reprenant tous les matins.
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C’est le secret le mieux gardé de la République : il n’y a plus de gouvernement. Mais y a-t-il encore un président ? L’affaire de la vraie fausse démission d’Arnaud Montebourg n’est pas un nouveau couac suivi d’un démenti de plus. Elle dit la lutte pour le pouvoir qui s’intensifie dans le vide laissé par la gestion erratique de François Hollande.
Son allocution au lendemain des européennes en est une nouvelle illustration. La chronique du hollandisme se donne à lire comme une suite incohérente de contre-performances, une succession de couacs, de tête-à-queue idéologiques, de télescopages entre la vie privée et la vie publique, de trahisons et de scandales d’État. Ce n'est pas seulement à la chute de la maison Hollande que nous assistons mais aux derniers jours de la Ve République.
« Les mystères sont irrités par les faits », écrivait Norman Mailer. C'est l'état exact de notre société face au pouvoir politique en ce printemps 2014. Le remaniement répond-il à cette exaspération ? Sans doute pas, tant l'immobilisme et les petits calculs, renforcés par les pesanteurs institutionnelles, laissent un président inchangé même si désavoué.
L'écrivain Milan Kundera publie chez Gallimard La Fête de l'insignifiance. Dans ce roman sur l'apothéose du rien, il met en scène « un peuple qui manque ». Lorsque les civilisations s’effondrent et que les centres du pouvoir ne tiennent plus, il est un moment où cette décomposition cesse d’être visible à l’œil nu. C'est alors que le roman, et lui seul, peut nous éclairer.
C'est le moment zombie de la politique et des choix économiques. Les idées mortes marchent encore parmi nous… La social-démocratie de François Hollande ayant de longue date muté en un néolibéralisme mal assumé, voilà la « politique de l’offre » devenue une politique de l’offrande. C'est l'objet du « pacte de responsabilité », pensée magique qui veut échanger des chèvres contre des déclarations d’amour.
Que reste-t-il de ce pouvoir, deux ans après le discours du Bourget du candidat socialiste François Hollande ? Rien. Pour le comprendre, il faut lire Gombrowicz ou Pasolini. Évoquant des politiques devenus des masques, le cinéaste italien concluait : « Si on les enlevait, on ne trouverait même pas un tas d’os ou de cendres : ce serait le rien, le vide. »
François Hollande veut poursuivre Closer au nom du respect de la vie privée. Le problème est que les épouses (ou compagnes) des présidents deviennent des « premières dames », personnes officielles dotées d'un cabinet... Un statut qui place la vie privée au cœur de l'État.
Nicolas Sarkozy met en scène son retour. Un nouveau récit politique ? Non, une pulsion régressive. Un recours ? Non, une rechute dans l'addiction. Explications.
Si Christiane Taubira est attaquée, c’est qu’elle résiste à la crise de souveraineté qui mine la politique. C'est aussi parce qu'elle trace une diagonale audacieuse entre les deux blocs qui arraisonnent le débat public, le souverainisme xénophobe nourri au racisme colonial et le mondialisme néolibéral.