Je suis journaliste indépendante. Je vis à Lille et je travaille pour Mediapart depuis 2014. J'ai écrit Ceux qui passent, sur les migrants du Nord et du Pas-de-Calais, de Sangatte aux «jungles» (2012), et Bienvenue à Hénin-Beaumont, sur la montée du Front national dans cette ville du bassin minier du Pas-de-Calais (2014). J'ai contribué à La France invisible, sous la direction de Stéphane Beaud, Joseph Confavreux, et Jade Lindgaard (2006). Je travaille aussi pour Libération et Témoignage chrétien. J'aime le reportage.
(Merci pour le dessin, Lisa Mandel.)
Dans certaines communes de ce département, Marine Le Pen a fait des scores de 50 % voire de 60 % à la présidentielle. L'extrême droite espère emporter trois sièges de députés.
Pour la première fois depuis le « démantèlement » de la « jungle » de Calais, en octobre 2016, plusieurs associations ont décidé de recommencer à servir des repas aux exilés, pour beaucoup mineurs, qui se retrouvent dans les parages en espérant rejoindre la Grande-Bretagne.
La semaine dernière, la mairie a installé une benne à ordures devant un local du Secours catholique pour empêcher les exilés de venir s'y doucher. La juge administrative a ordonné le retrait de l'engin.
Alors qu'entre 100 et 500 migrants sont de retour à Calais, parmi lesquels de nombreux mineurs, la mairie a installé une benne à ordures devant un local du Secours catholique pour empêcher les exilés de venir s'y doucher. Ils n'ont pourtant pas d'autre choix : depuis le « démantèlement » de la « jungle », il n'existe plus de structure étatique d'accueil sur place.
Le démantèlement du bidonville devrait commencer lundi 24 octobre. Alors certains migrants tentent par tous les moyens de passer en Angleterre, au risque de leur vie. D'autres s'installent la nuit dans des forêts alentour, au risque de créer de nouvelles jungles. Car personne ne croit que l'errance prendra fin, une fois monté dans les bus.
Ils ont connu l’horreur dans leur pays d’origine, puis sur la route de l’exil, parfois aussi en France. Une centaine de personnes sont suivies en santé mentale dans le bidonville de Calais par des médecins hospitaliers ou humanitaires. Lesquels constatent que les conditions de vie dans la « jungle » empirent.
Dans la « jungle », tout le monde connaît Liz Clegg. Arrivée ici à l'été 2015, elle prend soin nuit et jour d'une quinzaine d'enfants afghans seuls, perturbés par l'exil, le voyage et la vie dans cet immense bidonville aujourd'hui en partie démantelé. À Calais, parmi les bénévoles qui s'occupent des migrants, 80 % sont britanniques.
En un an, le nombre de migrants a doublé dans la «New Jungle»: six mille personnes y vivent dans des conditions épouvantables. Dans cette région où Marine Le Pen est tête de liste, la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, n'hésite pas à dire que les migrants sont une «richesse culturelle» tout en les reléguant dans une ancienne décharge. Entre gestes de solidarité quotidiens et manifestations bras tendus, la ville est pleine d'ambivalences.
Quatre ONG ont lancé mardi dernier une grande opération humanitaire à Calais afin que les campements de migrants soient au moins aux normes de « n'importe quel camp de réfugiés dans le monde ».
Alors que plusieurs ONG lancent à Calais une impressionnante opération pour faire en sorte qu'y soient respectées « les normes internationales » des camps de réfugiés, une poignée de Syriens manifestent quotidiennement pour obtenir le droit de se rendre en Grande-Bretagne. Face à eux, des fourgons de CRS pour les disperser.
4 000 migrants s'entassent dans la région de Calais, soit 2 000 de plus qu'à l'époque de Sangatte. Pour Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants à Calais, «cet été, si rien ne change, ça explosera».
L'afflux de migrants à Calais est en train de déborder les associations alors que les actes et agressions racistes se multiplient en ville. Depuis dix ans et la fermeture de Sangatte par Sarkozy, la situation n'a cessé de se dégrader. 250 femmes et une quinzaine d'enfants sont aujourd'hui dans la zone. Du jamais vu.