Dossier Uber, Deliveroo : les batailles de l’ubérisation
Uber, Deliveroo, Take Eat Easy… Retrouvez nos enquêtes, entretiens, émissions vidéo et séries de reportages sur les leurres de l’«ubérisation» du travail.
Plusieurs dizaines de décisions rendues récemment par la cour d’appel et les prud’hommes confirment que la plateforme de livraison aurait dû faire travailler les livreurs en tant que salariés, et non comme autoentrepreneurs. L’entreprise assure que son modèle actuel est désormais légal.
Celui qui a tourné dans « L’Histoire de Souleymane » alors qu’il était encore sans papiers a été consacré lors de la soirée des Césars, le 28 février. En octobre, il confiait ses difficultés et ses « rêves » à Mediapart. Le film de Boris Lojkine a récolté quatre récompenses.
Sur les bords des bassins, ils sont de plus en plus nombreux à travailler en tant qu’autoentrepreneurs. Des cours d’aquasport à la surveillance des baigneurs en passant par l’encadrement de la natation scolaire, ils remplissent les mêmes missions que les salariés en poste, la protection sociale en moins.
La France s’est démenée pour orchestrer la réécriture de la directive européenne qui devait renforcer les droits des travailleurs des plateformes, adoptée le 11 mars. Au cœur des institutions des Vingt-Sept, des responsables racontent le combat de l’ombre livré par la France.
L’université de Toulouse a accueilli les 4 et 5 avril un colloque consacré au microtravail. Celles et ceux qui l’exercent sont entre 154 et 435 millions dans le monde. En France, pour les « tâcherons du clic », beaucoup, sinon tout, reste à faire en matière de droit, de statut et de protection sociale.
Malgré l’opposition franche de la France, l’Union européenne adoptera d’ici quelques semaines une directive pensée pour mettre un coup d’arrêt à la précarité des travailleurs des plateformes numériques. Deux ans de bataille âpre et une défaite nette pour Emmanuel Macron.
À la Maison des livreurs, inaugurée en février, Médecins du monde organise chaque semaine des consultations médicales très appréciées. S’intéresser à la santé des forçats de la pédale revient à mettre en lumière la précarité extrême qu’ils subissent, au travail et dans leur vie quotidienne.
Au beau milieu d’un texte répressif anti-immigration, plusieurs dispositions permettraient la régularisation de travailleurs sans papiers. Mais le secteur de la livraison, qui représente pourtant une bonne partie d'entre eux, en est exclu.
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Malgré un lobbying intense de certaines plateformes, une majorité d’eurodéputés a plaidé jeudi 2 février pour renforcer les droits des 28 millions de livreurs « ubérisés » dans l’UE. Les négociations vont désormais s’ouvrir avec les capitales.
Entendus jeudi par la commission « Uber Files » de l’Assemblée nationale, les anciens ministres Bernard Cazeneuve et Alain Vidalies se sont montrés très critiques à l’égard du lobbying agressif d’Uber entre 2014 et 2016. Ces auditions soulignent la connivence entre Emmanuel Macron, alors à Bercy, et les cadres de la plateforme.
Les prud’hommes de Lyon viennent de condamner Uber à payer plus de 17 millions d’euros à 139 chauffeurs, qu’elle aurait dû salarier et non pas employer comme des travailleurs indépendants. Mais malgré les condamnations désormais régulières des plateformes, le gouvernement cherche à légitimer leur modèle par tous les moyens.
La filiale de La Poste a été relaxée ce jeudi par le tribunal de Paris. Elle était accusée de faire travailler des livreurs en tant qu’indépendants, en les privant des droits et des avantages liés au statut de salarié. En revanche, elle a été condamnée pour avoir utilisé une société-écran pour en employer certains.
Déjà condamnée cette année, la plateforme de livraison de repas est à nouveau en « discussions » avec l’Urssaf, qui pourrait lui réclamer une ardoise potentiellement fatale. Le parquet de Paris étudie le versant pénal du dossier. L’entreprise a missionné Jean-François Copé et un administrateur judiciaire.
La plateforme de livraison de repas, déjà condamnée au pénal en avril, doit verser à l’organisme chargé de recouvrer les cotisations sociales les sommes qu’elle aurait payées si elle avait salarié les livreurs qu’elle a fait travailler sous le statut d’indépendant, en 2015 et 2016. Des pénalités sont aussi prévues. Deliveroo va faire appel.
C’est une première. La cour d’appel de Paris a octroyé au travailleur 30 000 euros au titre des divers manquements de la plateforme de livraison de repas, y compris pour le harcèlement moral qu’il a subi.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi à la peine maximale la plateforme de livraison et ses anciens dirigeants pour « travail dissimulé ». C’est la première fois que l’entreprise était jugée au pénal, après un examen global de ses pratiques sur la période 2015-2017.