« C’est la journée du câlin…! » La proposition émane de deux cégétistes en blouses blanches, à destination d'un groupe de gendarmes mobiles, avant le départ du défilé contre la loi sur le travail, place d’Italie. « Non, non, merci, ça va… » répondent-ils, souriants. « Un bisou ? Visière fermée ! » « Non, non… » Rires… Les gendarmes et CRS ont été omniprésents, tout au long des manifestations parisiennes, ce jeudi. Et contrairement à cette saynète introductive, ils ont rarement été souriants.
Peu après midi, ils ont bloqué l’intersection du boulevard Diderot et de la rue Crozatier, afin de canaliser le cortège anarchique de jeunes, un millier d’étudiants et lycéens, partis de la place de la Nation pour rejoindre le point de départ de la manifestation, place d’Italie. Quittant le cortège, des jeunes, visages masqués par des foulards, s’en prennent à des abribus, et provoquent d’autres dégâts sporadiques, notamment aux agences bancaires, par des coups de marteau sur les vitrines. Avant que la situation dégénère au niveau de la gare de Lyon, près du café « L’Européen » : pris au piège par des policiers en civil qui les chargent à coups de matraque, certains jeunes sont pris de panique et sautent par-dessus l’escalier de la gare de Lyon.
La police au quotidien: notre dossier Reportage
Entre police et manifestants, l'escalade de la tension
Dans toute la France, la journée de mobilisation a laissé entrevoir une crispation de plus en plus grande entre manifestants et forces de l'ordre, ne concernant pas seulement les “inorganisés” et “autonomes”, mais aussi les simples manifestants, jeunes ou moins jeunes.
Karl Laske, Kalidou Sy, Mathilde Goanec et Matthieu Suc
31 mars 2016 à 20h34