Au Sénat, une partie de l'argent public alloué au fonctionnement du groupe UMP a fuité sur les comptes de nombreux élus de droite, grâce à d'ingénieux canaux de dérivation. Les juges enquêtent sur de possibles faits de « détournements de fonds publics », d'« abus de confiance » et de « blanchiment ».
La chambre de l'instruction de Paris a estimé, lundi 18 décembre, qu'un parlementaire pouvait bien être poursuivi pour « détournement de fonds publics ». L'enquête sur les fonds secrets des sénateurs UMP peut reprendre. Et François Fillon se faire du souci.
Alors qu’elle est soupçonnée de détournements de fonds publics, la droite sénatoriale fait tout pour étouffer le scandale. Mais pour la première fois, un homme parle. Jusqu’en 2014, Michel Talgorn, collaborateur du groupe UMP, a distribué des chèques en pagaille. Il raconte en exclusivité à Mediapart.
Le casting s’allonge. À quatre jours des élections sénatoriales, Mediapart dévoile les derniers dessous du scandale qui a profité à une myriade d’élus de droite. Cet été, ils ont pourtant obtenu la suspension de l’instruction.
D’après nos informations, le nom de Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne de François Fillon et l'un de ses principaux lieutenants, apparaît parmi les bénéficiaires du système occulte des « ristournes » qui a permis à des sénateurs UMP, jusqu’en 2014, de récupérer des fonds théoriquement destinés à la rémunération d’assistants.
Quand il était sénateur, François Fillon a bénéficié d’un vaste système de détournement de fonds publics mis en place au sein du groupe UMP. Mediapart a retrouvé la trace des chèques signés à son nom et en publie deux.
Mediapart révèle que François Fillon, quand il était sénateur, a empoché une partie des crédits réservés à la rémunération d’assistants, grâce à un système de commissions occultes.
Confrontée depuis deux ans à une affaire de détournements de fonds publics, la droite sénatoriale tente de la circonscrire à une poignée de cas individuels. En réalité, le scandale est systémique.
L’ex-sénateur André Dulait a été mis en examen dans l’affaire des détournements de fonds publics au palais du Luxembourg. C’est la cinquième mise en examen dans ce dossier qui fait trembler la droite sénatoriale.
Un ex-ministre de Fillon, Henri de Raincourt (LR), a été mis en examen pour « recel de détournement de fonds publics ». Comme l’a révélé Mediapart, il a bénéficié d’une rallonge de 4 000 euros par mois tirée d’un compte secret du groupe UMP du Sénat.
Les juges accélèrent dans l'enquête sur des soupçons de détournements de fonds publics au Sénat. D'après nos informations, deux mises en examen ont eu lieu depuis un mois, dont la première visant un sénateur : l'ancien trésorier du groupe UMP au palais du Luxembourg, Jean-Claude Carle.
D'après nos informations, la justice a reçu un rapport de Tracfin qui passe au crible les opérations bancaires du groupe UMP du Sénat. Une première. Plusieurs élus, Jean-Claude Gaudin en tête, ont bénéficié de versements intrigants entre 2012 et 2015.
Chaque Noël, de 2003 à 2014, les sénateurs UMP ont touché des « étrennes », une coutume restée jusqu’ici secrète. Montant de ce « treizième mois » : 8 000 euros par personne. Le nouveau président du groupe a jugé opportun de mettre fin à ce système.
L’association vise à la fois les « étrennes » occultes des sénateurs UMP et « l’affaire Henri de Raincourt », ce ministre de Nicolas Sarkozy qui touchait secrètement 4 000 euros par mois du groupe UMP du Sénat.
D'après des documents obtenus par Mediapart, un ministre de Nicolas Sarkozy, Henri de Raincourt, arrondissait ses fins de mois au gouvernement grâce à une cagnotte secrète au Sénat. Un compte bancaire ouvert au nom du « groupe UMP » était distinct du compte officiel et réservé à quelques sénateurs seulement.
Après nos révélations, le sénateur et marquis Henri de Raincourt a bien dû l'avouer : quand il était ministre de Nicolas Sarkozy, il a touché 4 000 euros par mois depuis un compte HSBC du groupe UMP du Sénat. « À la bonne franquette », pour reprendre son expression. Nombre d'observateurs condamnent cette opération « hallucinante », qui heurte le principe de séparation des pouvoirs.
Dans l'affaire des soupçons de détournements de fonds publics au Sénat, Mediapart a recueilli le témoignage d'un homme clef, ancien conseiller de l'ombre du groupe UMP. Sur demande, François Thual allait « chercher le pognon » à la Société générale pour qu'il soit redistribué à des sénateurs. Il raconte.