En amont de la présidentielle de 2017, un petit cercle fermé s'active pour Marine Le Pen, loin de l’agitation du siège du Front national et des caméras. On y trouve son micro-parti, "Jeanne", mais aussi des prestataires liés à la nébuleuse des anciens du GUD qui travaillent pour le FN et pour ses villes.
C’est sans doute la pire des mystifications frontistes : Marine Le Pen n’incarne en rien une alternative au « système », mais elle en est le révélateur au sens heuristique. Le Front national est depuis 30 ans « la chambre noire » de l’idéologie dominante, le laboratoire d’un modèle de gestion « autoritaire » de la crise.
Reportages sur le « nouveau FN » et sa « dédiabolisation», interviews de « Marine », éditos consacrés à la « vague bleu marine » d'élections municipales qui n'ont pas encore eu lieu. L'université d'été du FN, ce week-end à Marseille, a montré une fois de plus combien les médias étaient prêts à plonger dans le storytelling du parti.
À cinq mois des municipales, Marine Le Pen tente de contrôler l'expression de ses candidats et se félicite du « ménage » effectué dans son parti. En réalité, elle se contente d'un toilettage en contrôlant non pas les idées mais simplement leur diffusion. Des chercheurs expliquent pourquoi le grand ménage au FN est impossible.
Jeanne, le micro-parti de la patronne du FN lancé fin 2010, a encaissé plus de 9 millions d'euros en 2012, selon les informations de Mediapart. Quasiment dépourvu d'adhérents, ce parti de poche fait travailler la société d'un conseiller officieux de Marine Le Pen, l'ancien responsable du Gud, Frédéric Chatillon.
Marine Le Pen a confié à la galaxie des anciens du GUD, groupuscule étudiant d'extrême droite radicale, de nombreux postes financiers, leur conférant la haute main sur la trésorerie du parti. Au centre de cette nébuleuse : Frédéric Chatillon, dont la société a perçu 1,6 million d'euros pendant la campagne présidentielle, d'après des documents consultés par Mediapart.
La présidente du FN salarie depuis deux ans comme assistant à Strasbourg le numéro deux de son parti, à qui elle verse plus de 5 000 euros en brut par mois, pour un temps partiel. Problème, Louis Aliot est aussi son compagnon. À l'été 2012, les services du parlement européen ont tiqué. Ils ont également tiqué sur l'emploi comme assistant pendant la campagne présidentielle de Florian Philippot, qui était, tout comme Aliot, directeur de campagne.
La levée de l'immunité de Marine Le Pen, votée ce mardi par le Parlement européen, ouvre la voie à sa mise en examen pour « incitation à la haine raciale ». Sur la scène européenne, sa tentative de « dédiabolisation » est, comme en France, entachée par les amitiés sulfureuses du FN.
Ce week-end à Nice, Marine Le Pen affichera son «nouveau FN». Mais derrière l'opération «dédiabolisation», des personnages moins présentables œuvrent toujours. Dans Le Système Le Pen, publié le 8 septembre, deux journalistes mettent en lumière ces cercles de fidèles, de ralliés, de revenants.
Le Front national se réunit ce week-end à Marseille pour son université d'été. À six mois des municipales, Marine Le Pen veut poursuivre son nettoyage de façade du parti et gommer son image d'extrême droite. Le FN n'aurait aucun rapport avec les JNR, le GUD, les révisionnistes, l'ultra droite et autres, affirme haut et fort sa présidente. Faux. Mediapart publie, photos à l'appui, les preuves contraires.
Farouchement opposée à une intervention militaire en Syrie, Marine Le Pen s'est toujours refusée à condamner le régime syrien. Dans son parti comme dans son entourage, ils sont plusieurs à soutenir publiquement Bachar al-Assad. Certains travaillent même avec le régime.
Selon des documents obtenus par Mediapart, l’ancien trésorier du micro-parti de Jean-Marie Le Pen, l’éditeur Jean-Pierre Mouchard, a utilisé les services de plusieurs sociétés offshore. Le même homme avait ouvert en 1981 un compte suisse à l’UBS pour Le Pen. À Mediapart, Marine Le Pen et son père justifient l’ouverture du compte par « un emprunt souscrit » à la banque suisse.
Manuel Valls a annoncé mercredi la dissolution de deux groupuscules d'extrême droite : l'Œuvre française et sa branche “jeune”, les Jeunesses nationalistes. Au Front national, de nombreux cadres possédaient la double appartenance avec l’Œuvre française. Récit de 40 ans d'entrisme et de relations tumultueuses entre les deux formations.
De retour à l'Assemblée nationale, le Front national veut « exister » et tente de rompre son isolement. Une existence essentiellement médiatique, et entravée par l'hétérogénéité de son tandem Collard/Maréchal-Le Pen. Bilan de leur premier mois.
Avec deux députés élus, le Front national effectue son retour à l'Assemblée nationale, où il était absent depuis 1998. Qu'a fait le parti d'extrême droite lorsqu'il disposait d'élus à l'Assemblée ? Il a défendu ses fondamentaux (peine de mort, préférence nationale…). Sans grand succès.