La scène se répète tous les vendredis soir. Deux serveurs, chemise blanche immaculée, gilet noir et nœud papillon, s'affairent entre les tables, les plateaux garnis de bières serbes et de verres de rakija, l'eau-de-vie qui arrose apéritifs et repas dans les Balkans. Sur la scène du fond, les instruments sont encore muets, mais bientôt Turbo Tanja s’assoit derrière la batterie, au côté de son mari claviériste. Jusqu'à l'aube, la musicienne enchaîne les classiques du répertoire balkanique, les clients trinquent, l'ébriété gagne l'assemblée. La grande blonde aux cheveux décolorés est une véritable icône chez les gastarbeiter, les travailleurs émigrés yougoslaves de Vienne. Depuis qu'elle est arrivée de sa Serbie natale, il y a un peu plus de vingt ans, Turbo Tanja bat chaque week-end la mesure de l'orchestre du Lepa Brena, l'un des cafés « yougo » les plus célèbres de la capitale autrichienne. « Je suis une attraction pour les nôtres, mais aussi pour les Turcs et les Autrichiens, reconnaît-elle dans un sourire. Ici, toutes les nationalités se retrouvent, il n'y a pas de différences entre les gens. On joue les vieilles chansons traditionnelles et aussi les tubes des années 1980-1990, qu'ils soient serbes, croates ou bosniens. »
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