En l’espace de quelques heures, Donald Trump a dissipé les derniers doutes sur sa position vis-à-vis de la guerre en Ukraine : il compte y mettre fin en accédant aux demandes de Moscou. Il donne raison, ce faisant, à l’agression lancée voilà trois ans par la Russie contre sa voisine.
Donald Trump a convenu mercredi avec Vladimir Poutine de lancer des négociations « immédiates » sur l’Ukraine. Le président ukrainien a également eu le président américain au téléphone. « L’Ukraine et l’Europe doivent participer à toute négociation », avertissent Berlin, Madrid et Paris.
L’Ukraine était jusqu’à présent la principale bénéficiaire de l’USAID, l’agence des États-Unis pour le développement international, dont Donald Trump a annoncé la suspension immédiate. La ville de Mykolaïv, près du front, attendait des financements, de l’essence ou encore des matériaux de construction.
Avec la perspective d’un second mandat de Trump à la Maison-Blanche, jamais la situation de la Russie n’a paru aussi favorable face à l’Ukraine. Pourtant, derrière la façade, la position de Vladimir Poutine est bien plus précaire qu’il n’y paraît.
Les fêtes de fin d’année ont été l’occasion pour de nombreux établissements à travers la Russie d’organiser des événements « patriotiques » lors desquels de jeunes enfants ont pu apprendre des noms de missiles, découvrir le contenu de rations de combat et échanger avec des soldats participant à la guerre contre l’Ukraine.
Mediapart s’est entretenu avec une quinzaine d’anciens prisonniers de guerre ukrainiens tombés aux mains des Russes. Ces soldats ont des parcours et des profils différents. Mais tous ont subi des conditions de détention très dures. La plupart ont été torturés.
Libéré en octobre après plus de deux ans en captivité, le militant des droits humains devenu soldat Maksym Boutkevitch témoigne des sévices infligés aux prisonniers de guerre. Il appelle la justice internationale à mettre un terme à l’impunité de la Russie.
Environ 40 millions d’euros de pneus de la marque française ont été vendus à Moscou depuis la mise en place de l’embargo après l’invasion de l’Ukraine en 2022, selon une analyse du renseignement ukrainien obtenue par Mediapart. Michelin dément tout lien commercial avec la Russie.
Pour éviter que le futur président des États-Unis ne la contraigne à un accord de paix trop défavorable avec Moscou ou ne stoppe toute aide militaire et financière, l’administration ukrainienne multiplie les initiatives diplomatiques et les contacts, officiels et non officiels.
Malgré l’insécurité et les restrictions, de nombreux habitants de l’est de l’Ukraine ne veulent pas s’en aller. Contraintes financières, crainte de la mobilisation : leurs raisons sont nombreuses, souvent loin des clichés sur les habitants du Donbass, forcément « prorusses ».
Exposé aux frappes russes en raison de la proximité d’une centrale électrique, le nord de la capitale ukrainienne doit vivre avec cette menace. Une vie en sursis, où des ados dorment dans leur salle de bains et où de jeunes élèves font leurs interros dans des abris antimissiles.
Dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine, l’armée ukrainienne continue de devoir reculer pas à pas. Une dizaine de soldats issus de plusieurs unités stationnées sur place racontent les combats, reconnaissent leurs difficultés et décrivent comment la guerre a changé.
L’Otan a convoqué une réunion d’urgence avec l’Ukraine, mardi prochain, après l’utilisation par Moscou d’un nouveau type de missile et les menaces de Poutine à l’encontre des Occidentaux. Kyiv réclame à ces derniers de nouveaux systèmes de défense antiaérienne pour protéger son pays.
Sur le front, les choses semblent s’emballer avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier. Mais la séquence actuelle montre surtout que, de part et d’autre, les annonces fortes sont « recyclées » et que les actions spectaculaires sont dosées au milligramme près.
L’Ukraine a accusé jeudi Moscou d’avoir, pour la première fois, tiré un missile intercontinental sur son territoire. Vladimir Poutine a affirmé en fin de journée qu’il s’agissait d’un nouveau missile balistique à moyenne portée, et estimé que le conflit avec l’Ukraine a pris un « caractère mondial ».