Pour le maître de conférences en politique internationale Pierre Haroche, la spectaculaire altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a le mérite de clarifier les intentions du président américain vis-à-vis de l’Ukraine, mais aussi des Européens, qui vont devoir apprendre à « se débrouiller tout seuls ».
Cette semaine, les dirigeants français et britannique en visite à Washington ont tenté de masquer l’ampleur des divergences entre les États-Unis et l’Europe sur l’Ukraine. Mais l’humiliation de Volodymyr Zelensky vendredi à la Maison-Blanche acte définitivement la complicité entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Washington et Kyiv se sont entendus pour créer un fonds pour l’exploitation des ressources du pays. Le texte demeure flou et devra être complété, mais il est expurgé des demandes les plus irrecevables de l’administration Trump. Qui reçoit Zelensky vendredi pour le signer.
À Washington, lundi 24 février, sourires et flatteries ont accompagné la visite d’Emmanuel Macron à la Maison-Blanche. Mais au même moment aux Nations unies, à New York, Washington et Moscou se sont retrouvés sur le dossier ukrainien pour un rapprochement spectaculaire et historique.
Depuis le mois d’août 2024, l’armée russe est aux portes de cette cité minière du Donbass, forçant la population à fuir en masse. Les déplacés emportent avec eux la mémoire de leur ville, qu’ils sont déterminés à entretenir pour qu’elle ne disparaisse pas.
Durant trois ans de guerre, le monde a dépensé des milliards pour aider l’Ukraine. Mais ce soutien aurait pu être différent : plus attentif aux besoins concrets des Ukrainiens, plus transparent, plus démocratique et plus cohérent. Et donc mieux compris et accepté par les Européens.
La guerre menée en Ukraine par Vladimir Poutine affecte durablement la société russe. Pendant que les bénéficiaires du conflit s’enrichissent, la majorité de la population s’appauvrit.
Écartés des discussions sur la fin de la guerre dans leur pays, insultés par Donald Trump qui ne cesse d’humilier publiquement Volodymyr Zelensky, traité de « dictateur » mercredi, nombre d’Ukrainiens se sentent trahis. Témoignages.
La Russie a connu deux années de croissance soutenue grâce à la mise en place d’une économie de guerre. Mais elle doit désormais faire face au risque de surchauffe, et à sa spécialisation militaire.
Donald Trump a accusé l’Ukraine d’être à l’origine de la guerre et de détourner l’aide états-unienne. Il s’est dit « bien plus confiant » dans un accord avec la Russie, promettant une rencontre avec Vladimir Poutine avant avril.
Plusieurs dirigeants européens se sont réunis en urgence lundi 17 février afin d’apporter une réponse commune au président états-unien, qui entend « faire la paix » en Ukraine sans eux. Mais ils n’ont pas été capables d’envoyer le signal fort que certains espéraient.
Après la Palestine, l’Ukraine est la deuxième victime du pacte des oligarques scellé par Donald Trump et Vladimir Poutine. Légitimant la loi du plus fort contre toute égalité des droits, leur alliance traduit, à l’échelle du monde, la domination d’un capitalisme mafieux.
En l’espace de quelques heures, Donald Trump a dissipé les derniers doutes sur sa position vis-à-vis de la guerre en Ukraine : il compte y mettre fin en accédant aux demandes de Moscou. Il donne raison, ce faisant, à l’agression lancée voilà trois ans par la Russie contre sa voisine.
Donald Trump a convenu mercredi avec Vladimir Poutine de lancer des négociations « immédiates » sur l’Ukraine. Le président ukrainien a également eu le président américain au téléphone. « L’Ukraine et l’Europe doivent participer à toute négociation », avertissent Berlin, Madrid et Paris.
L’Ukraine était jusqu’à présent la principale bénéficiaire de l’USAID, l’agence des États-Unis pour le développement international, dont Donald Trump a annoncé la suspension immédiate. La ville de Mykolaïv, près du front, attendait des financements, de l’essence ou encore des matériaux de construction.
Avec la perspective d’un second mandat de Trump à la Maison-Blanche, jamais la situation de la Russie n’a paru aussi favorable face à l’Ukraine. Pourtant, derrière la façade, la position de Vladimir Poutine est bien plus précaire qu’il n’y paraît.