Pour éviter que le futur président des États-Unis ne la contraigne à un accord de paix trop défavorable avec Moscou ou ne stoppe toute aide militaire et financière, l’administration ukrainienne multiplie les initiatives diplomatiques et les contacts, officiels et non officiels.
Malgré l’insécurité et les restrictions, de nombreux habitants de l’est de l’Ukraine ne veulent pas s’en aller. Contraintes financières, crainte de la mobilisation : leurs raisons sont nombreuses, souvent loin des clichés sur les habitants du Donbass, forcément « prorusses ».
Exposé aux frappes russes en raison de la proximité d’une centrale électrique, le nord de la capitale ukrainienne doit vivre avec cette menace. Une vie en sursis, où des ados dorment dans leur salle de bains et où de jeunes élèves font leurs interros dans des abris antimissiles.
Dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine, l’armée ukrainienne continue de devoir reculer pas à pas. Une dizaine de soldats issus de plusieurs unités stationnées sur place racontent les combats, reconnaissent leurs difficultés et décrivent comment la guerre a changé.
L’Otan a convoqué une réunion d’urgence avec l’Ukraine, mardi prochain, après l’utilisation par Moscou d’un nouveau type de missile et les menaces de Poutine à l’encontre des Occidentaux. Kyiv réclame à ces derniers de nouveaux systèmes de défense antiaérienne pour protéger son pays.
Sur le front, les choses semblent s’emballer avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier. Mais la séquence actuelle montre surtout que, de part et d’autre, les annonces fortes sont « recyclées » et que les actions spectaculaires sont dosées au milligramme près.
L’Ukraine a accusé jeudi Moscou d’avoir, pour la première fois, tiré un missile intercontinental sur son territoire. Vladimir Poutine a affirmé en fin de journée qu’il s’agissait d’un nouveau missile balistique à moyenne portée, et estimé que le conflit avec l’Ukraine a pris un « caractère mondial ».
L’Ukraine presse depuis de longs mois ses alliés de l’autoriser à frapper des cibles militaires sur le sol russe avec les armes occidentales dont elle dispose. Après s’y être longtemps refusé par crainte de représailles de Vladimir Poutine, Joe Biden vient de donner son feu vert.
De nouvelles attaques russes visant l’Ukraine dimanche 17 novembre jettent le flou sur une perspective de paix. À l’issue de cette journée, Joe Biden a autorisé Kyiv à faire usage de missiles à longue portée vers la Russie, c’est un cap dans le conflit.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a eu vendredi 15 novembre un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, le premier depuis près de deux ans, au cours duquel il a exhorté le président russe à « retirer ses troupes » d’Ukraine et à négocier avec Kyiv.
Un documentaire du Kyiv Independent, que diffuse Mediapart, tente de faire la lumière sur les crimes commis par les troupes russes dans un village qu’elles contrôlent depuis 2022. Une journaliste ukrainienne qui tentait elle aussi de documenter ces exactions l’a récemment payé de sa vie.
Les déclarations passées de Donald Trump et de son colistier dessinent un sombre avenir pour Kyiv, possiblement privé d’aide et contraint à un accord avec Moscou. Mais les Ukrainiens veulent croire que l’histoire peut encore prendre un cours différent.
Certains politiques ukrainiens aimeraient permettre aux entreprises de payer pour conserver certains de leurs salariés, plutôt que de les voir partir sur le front. Une idée critiquée pour son manque d’équité, mais qui pourrait financer l’armée.
L’Ukraine et la Corée du Sud affirment que la Corée du Nord a envoyé 1 500 soldats en Russie afin d’aller combattre les troupes de Kyiv. S’ils arrivaient jusqu’au front, il s’agirait de l’entrée en guerre directe d’un État doté de l’arme nucléaire, aux conséquences imprévisibles.
Kyiv voudrait que les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne lui apportent un soutien décisif pour éviter la défaite face à la Russie. Mais Joe Biden se fait discret et les capitales du Vieux Continent semblent regarder ailleurs.
Même si les nombreuses menaces nucléaires proférées depuis le début de la guerre ont perdu de leur pouvoir dissuasif, le chef d’État russe entend lancer un avertissement aux Occidentaux, en pleines négociations sur l’autorisation donnée ou non à Kyiv de frapper la Russie en profondeur.